Une bouteille à la mer (Baltique)

Quand bien même il ne me resterait que trois chansons de chaque concours Eurovision, il finit par se dégager, en soixante-deux éditions (ne comptons pas encore celle de 2018, voulez-vous, je manque de recul), trois ou quatre interprètes qui décrochent une place particulière, parce que, vraiment, leur chanson de l'Eurovision était absolument géniale en tous points. Or, j'ai une théorie: quelqu'un capable de chanter une chanson absolument géniale en tous points sur la scène de l'Eurovision peut avoir des tas d'autres chansons au moins vachement bien dans son répertoire. C'est sur ce seul postulat que, un soir, il y a de cela quelques années, je me suis retrouvé à un concert de Måns Zelmerlöw, sans aucune autre connaissance de sa carrière que Heroes. Un peu plus tard, préférant une nouvelle fois payer une place de spectacle fort cher au lieu d'écouter un album en streaming (voire en streaming illégal si ledit album ne devait pas sortir en France), je me retrouvais à l'Olympia pour un concert des Il Volo, qui allait finir en apothéose sur Grande Amore. Las, le système trouvait là ses premières limites, et moi mes premières désillusions, car ce Grande Amore arrivait, reconnaissons-le, après un certain nombre de chansons pas aussi fabuleuses (et aussi des blagues en italien qui m'ont un peu laissé sur le côté, même s'ils étaient jolis).
Comme les albums de chanteurs de l'Eurovision ne sont pas légion dans les rayons des disquaires français, pas plus que les concerts de chanteurs de l'Eurovision dans les salles de spectacle françaises - faut-il voir un lien entre ces deux phrases? -, j'ai revu Måns, désormais bien plus calé en Cara Mia, Brother oh brother, Je ne suis qu'un homme ou Run for your life. Pas de chance, il voyait visiblement son concert d'alors comme l'occasion de promouvoir son dernier album, et quasi-uniquement son dernier album, dont on attend encore la sortie de la version française "pour le printemps". Au rythme d'une chanson en français par an, la maison de disques devrait finir par le sortir vers 2029 (et sans doute ne pas en vendre plus de trois exemplaires, car la France aura oublié qu'elle a beaucoup écouté Je ne suis qu'un homme depuis longtemps).
Le cas de Loïc Nottet est un peu particulier, forcément, parce que, non seulement il avait été candidat dans The Voice Belgique avant (la même année qu'Alice on the roof, dis!), mais il a surtout été candidat dans Danse avec les stars après, ce qui lui a assuré un peu plus de promotion. Et la fanitude de Monsieur Anglais, avec qui en parler à intervalles réguliers pour entretenir la flamme. Enfin, si j'ai laissé passer le concert de Gigliola Cinquetti, juste après l'avoir identifiée comme invitée-mystère des Grosses têtes et avoir appris à cette occasion, avec la plus grande stupeur, que Gigliola Cinquetti chantait encore, j'étais sur le pont (c'est le cas de le dire, sur une péniche, hu hu) pour ENFIN voir Raphael Gualazzi - là encore, YOLO, juste avec mon Madness of love sous le bras - et les Fatals Picards, dont on ne penserait pas, comme ça, que ce concert si punk, tant sur scène que dans la salle, trouverait son point d'orgue dans une chanson de l'Eurovision et présentée comme tel (et comme une sévère déculottée, mais c'est peut-être ça qui rend L'amour à la française un peu punk?).

Mais dans cette liste, il en manque un.
Un qui avait une chanson absolument géniale en tous points à l'Eurovision et qui, en plus, avait déjà eu précédemment, une chanson absolument géniale en tous points qui avait concouru au MelFest. Et qui, depuis, a ajouté à son répertoire Girl from Sweden, une chanson pop gaie et légère de sweden-lover (car en plus, il a un physique de sweden-lover!). Et qui, depuis depuis, a entamé un virage électro-rétro très emballant avec Colors ou Wide Awake. Mais non, malgré toutes ces raisons d'être une star internationale de passage en France pour tenter de conquérir un nouveau public, Eric Saade n'est toujours pas annoncé en concert à Paris...

Eric Saade - Another Week (2017)

Ahh, aux grandes heures de ce blogue, quand j'avais une communauté de douze lecteurs, j'aurais pu faire monter les vues de sa dernière chanson (même pas 200 000 vues en un an, c'est un succès timide...) et Eric, il aurait vu qu'il se passait un truc à Paris et bam, il serait venu. Là, il faut que j'attende les vacances pour trouver le temps d'apprendre à créer ces fameux bots qui truquent les résultats de streaming et gonfler ses chiffres (et me retrouver seul en tête-à-tête avec lui dans une petite salle de concert à Paris, ahhh).

Benjamin Ingrosso - Dance You Off (Suède)

Eye Cue - Lost And Found (Macédoine)

Eugent Bushpepa - Mall (Albanie)

Jessika feat. Jenifer Brening - Who We Are (Saint-Marin)

Michael Schulte - You Let Me Walk Alone (Allemagne)

EQUINOX - Bones (Bulgarie)

Allez, on est à J-7, on accélère le rythme.
  • Saint-Marin, 2 points: cette vidéo donne envie de lancer un crowdfunding pour donner des moyens à la télé saint-marine, tellement tout est triste, décor, public de quatre personnes... et ces robots. Pourquoi ces robots? Pourquoi ce rap au milieu? Pourquoi ce cœur avec les mains à la fin? Le refrain, en soi, n'est pas désagréable, mais trois minutes, oh lala...
  • Albanie, 3 points: voilà le genre de chansons parfaite pour passer juste après un favori, pour faire retomber la pression. On débriefe mentalement la prestation qui vient de passer et on ne se rend même pas compte que la chanson albanaise vient de finir. C'est doux juste comme il faut.
  • Macédoine, 4 points: après ce début très ballade nulle, je ne m'attendais pas à ce revirement aux rythmiques reggae au bout de vingt secondes, puis que ça redevienne une ballade nulle, sans que la dame n'ait l'air perturbée - elle doit être schizophrène. N'empêche, tous ces morceaux de chansons mis bout à bout, j'aime assez, y compris ce refrain pourtant pas très subtil.
  • Suède, 4 points: il fallait le dire, qu'on avait une invasion de Justin Timberlake, cette année. Physiquement, le monsieur est charmant, mais cette façon de chanter dans un souffle, c'est pas ma grande passion. Mais je fais confiance à la Suède pour trouver comment mettre ça en scène brillamment et faire vivre ce refrain qui doit facilement pouvoir être très efficace.
  • Allemagne, 6 points: c'est gentil, cette ballade. Ça aussi, ça pourrait passer après un gros favori, mais le refrain pourrait attirer un peu l'oreille du téléspectateur et le sortir de ses pensées. Rien de très mémorable, mais le genre de titre qui grappille trois points ici ou là et peut finir dans le milieu du classement. Suffisant pour éviter une nouvelle humiliation pour l'Allemagne.
  • Bulgarie, 7 points: ah, enfin une chanson un peu dark et mystique! C'est à peu près tout ce que j'aime, dans la musique et les voix. Je suis plus dubitatif sur la fin de la chanson, les vingt dernières secondes sont de trop, mais ça devrait permettre à la Bulgarie de bien figurer, encore une fois.

Commentaires

Nataka a dit…
Au début je me suis dit "ne revenons pas encore sur le cas Eric Saade, puisque Pierre et moi n'avons pas les mêmes critères pour définir une chanson géniale en tout point et que, vraiment, je ne me rappelle que Popular a existé que quand Pierre en fait mention, une fois par an" mais bon, peut-être que Popular c'est un peu court pour juger d'une carrière alors j'ai écouté Another Week et les autres chansons que tu mentionnes, pour en arriver à la conclusion que si j'aime un peu Wide Awake c'est surtout la partie où Gustaf Norén intervient, et que je n'aime décidément pas la voix d'Eric, y a rien à faire, même s'il est beau.
Girl from Sweden était sympa quand même.

Suède : George Michael is back ? Bon bah il y a des années où la Suède ne vise pas une victoire et en laisse pour les autres, et clairement 2018 sera une de ces années, car même avec une scénographie soignée, ça restera gentiment plat. Benjamin Ingrosso n'est pas aussi désagréable que Robin Berrgtssonn (orthographe non garantie) et sa voix trop aiguë à mon goût moins pénible à écouter que celle de Robin, mais j'ai presque envie de dire que I Can't Go On était plus emballant que ce Dance You Off.
Macédoine : Au départ de la chanson je trouvais sympa ces changements de rythme et de style, cette touche de simili-reggae, mais en fait à ne pas se décider la chanson ne prend jamais l'ampleur dont elle aurait besoin.
Albanie : Cette chanson me fait penser à un galop de cheval, ou à la bande originale d'une comédie romantique, la dernière scène. Je n'ai évidemment aucune idée de quoi ça parle, mais j'aime bien.
Saint-Marin : A l'écoute, je trouve ça assez plaisant, même le rap, mais ça fait longuet sur la fin. J'espère, en effet, qu'il y aura autre chose sur scène que des petits robots pour décorer, parce que surtout je ne vois pas le rapport avec la chanson.
Allemagne : Elle est bien sympa, cette chanson, elle me plait beaucoup, le texte est bien écrit, l'instru monte comme il faut, ça joue sur l'émotion sans y aller avec de gros sabots. J'espère qu'elle finira bien classée.
Bulgarie : Je ne sais pas quoi en penser. C'est poétique, si on se laisse faire ça peut aller jusqu'à être un peu planant, mais je n'arriverai pas à m'enthousiasmer pour ça. C'est une chanson que je peux mettre en fond sonore, mais je ne me vois pas la chanter en tapant du pied.
Pierre a dit…
Je ne comprends pas comment tu fais pour oublier Eric Saade, tellement il est dans mon panthéon personnel! Mais je souligne combien tu as essayé, malgré tout. Et tu dis du bien de Girl from Sweden (mais la meilleure de tous est le remix de Wide Awake, où on entend encore plus les autres qu'Eric).

En revanche, tout est plus emballant que I can't go on, tellement Robin Truc avait l'air détestable en chantant sa chanson. J'espère que le visuel de Dance you off ne va pas tout pourrir cette année.
Nataka a dit…
Mais Robin faisait une choré sur des treadmills ! Y avait que ça à sauver mais c'était un peu emballant quand même, non ?
Rhum Raisin a dit…
C'est bête de rêver de se retrouver seul en tête-à-tête avec Eric Saade dans une petite salle de concert à Paris, alors que tu pourrais caresser l'espoir de te retrouver seul en tête-à-tête avec Amaury Vassili dans n'importe quelle petite salle des fêtes d'un village de France.

Mon classement du jour :
6 - Saint-Marin : tout est si cheap et si daté... En revanche, je trouve que ces petits robots sont mignons et apportent une certaine tendresse (du genre "s'il vous plaît, aimez-nous, dansez avec nous, on est gentils !")
5 - Allemagne : c'est une ballade gentillette, mais sans grand intérêt.
4 - Macédoine : les ruptures sont surprenantes, surtout quand il y a aussi du reggae. Harmoniser trois styles si différents, c'est osé.
3 - Suède : c'est un tout petit plus funk que Justin Timberlake. On frôle le Bruno Mars. En moins bougeant.
2 - Bulgarie : cette chanson peut être tantôt planante, tantôt indifférente. Elle peut plaire sur le moment, puis être oubliée juste après.
1 - Albanie : je vous vois, là, mépriser cette chanson albanaise... Alors que c'est une ballade à la Corrs (ou à la Nolwenn Leroy, hein) qui est très intéressante, douce et puissante à la fois.
Pierre a dit…
Nataka, c'est vrai que l'idée de la choré de groupe sur des tapis roulants, c'était génial, mais Robin gâchait tout en ayant l'air si prétentieux. Quand Chypre fera la même chose dans trois ou quatre ans, je trouverai sûrement ça parfait. Si c'est Saint-Marin qui plagie...

RR, Alma a été en concert à la salle polyvalente d'Allanche (Cantal), suivie d'une animation musicale, l'été dernier. Mais je n'ai jamais lu l'article de La montagne qui pouvait parler de ce gala, pour savoir si, effectivement, elle était seule avec son fan. Sa chute a été rapide, en tout cas. Mais c'est vrai, que devient Amaury?
Nataka a dit…
Robin is the tête-à-claques for the centuries.
On en a eu d'autres, mais il a mis la barre très haut.

Et faut pas s'inquiéter pour Alma, l'année prochaine elle fera partie du jury de "Objectif Eurovision" comme ça elle aura trois heures d'antennes cumulées pour se faire voir.

Posts les plus consultés de ce blog

Lilly-Fleur Pointeaux nue (n'est pas dans ce billet)

À lit ouvert

Le cadeau de Noël