33 minutes chrono

Nous voilà le jour J, celui de la première demi-finale de l'Eurovision, et il reste encore tant de chansons à écouter pour être prêt. Heureusement, donc, que ce jour est férié, et je propose à l'Union Européenne de systématiser ce fait pour les années à venir et les générations futures. Cependant, comme on rêve tous, surtout, de profiter aussi de cette journée pour faire le ménage qu'on n'a pas pris le temps de faire ce week-end, ou faire le point sur les vœux d'orientation des élèves, ou écouter des chansons de Maurane, ou, plus certainement encore, passer le reste de cette journée dans une baignoire d'eau glacée, il est temps de ne pas perdre de temps.
C'est dommage, avec tout ça, j'aurai pas eu l'occasion de raconter comment je me suis retrouvé à écouter la chanson hongroise de l'an dernier dans les rues de Budapest... (en même temps, ça impliquait un garçon et une performance de 33 secondes, je ne sais pas si ça aurait fait une belle anecdote)

Vanja Radovanovic - Inje (Monténégro)

Ethno-Jazz Band Iriao - For You (Géorgie)

AWS - Viszlát Nyár (Hongrie)

Julia Samoylova - I Won't Break (Russie)

DoReDos - My Lucky Day (Moldavie)

Ieva Zasimauskaitė - When We're Old (Lituanie)

MELOVIN - Under The Ladder (Ukraine)

Amaia y Alfred - Tu Canción (Espagne)

Sennek - A Matter Of Time (Belgique)

Saara Aalto - Monsters (Finlande)

Madame Monsieur - Mercy (France)

Ça donne chaud, d'écouter onze chansons à la suite, non?
  •  Lituanie, 2 points: j'ai décroché dès la dixième seconde, je crois. C'est joli à écouter, mais dans un ascenseur, en remontant sa TL sur Twitter ou en faisant couler l'eau pour rincer sa vaisselle.
  • Monténégro, 2 points: il faudrait que quelqu'un réécoute les chansons monténégrines, pour être sûr que ce n'est pas toujours la même qui revient et qu'on oublie. C'est pas désagréable à écouter, jusqu'à cette montée finale, lancée par un immonde ahahaha (et il sait même pas bien faire tomber ses bras pour être théâtral, en plus).
  • Russie, 3 points: rhololo, qu'est-ce que c'est kitsch! D'abord musicalement, même si ça fait un refrain qui se retient bien. Mais visuellement, ça n'est qu'une montée de 3 minutes, dans les éclairs sur les lèvres jusqu'à cette Julia-montagne. Si c'est ça le visuel sur scène, ça promet...
  • Finlande, 3 points: au début du clip et de la chanson, j'aurais vraiment aimé aimer, mais il manque quelque chose. Je n'ai rien contre le fait de proposer un titre pour danser en club, mais encore faut-il qu'il donne envie de danser... Là, ça ne provoque pas grand chose en moi.
  • Belgique, 4 points: la Belgique continue sur la voie de son succès avec un titre hyper-léché, mais dans celui-ci, il manque le truc envoûtant/entêtant qu'on trouvait chez Loïc Nottet ou Blanche. Pire, le refrain est terriblement banalement eurovisionnesque et ça casse un peu les spécificités de sa voix. Je ne suis pas sûr de réécouter cette chanson plus tard.
  • Géorgie, 4 points: ah, le retour des Stentors! Je ne trouve pas les voix de ces messieurs extraordinairement harmonieuses, mais surtout, je n'arrive pas à prévoir les notes qui vont venir après. Du coup, c'est à la fois bizarre à l'oreille et captivant pour savoir comment ça évolue. Et finalement, pas désagréable. Et eux, ils réussissent leur final.
  • Espagne, 5 points: un couple qui court main dans la main sur un tapis de fleurs, on n'est pas loin d'atteindre des records de niaiserie visuelle. Ils sont mignons à être amoureux et à le chanter, mais mon cœur est de pierre et... bah, oui, c'est très joli mais je m'en fiche, en fait.
  • Hongrie, 6 points: j'aime cette idée de vouloir amener du hard rock sur la scène de l'Eurovision où on joue les instruments en play-back. J'aime bien le clip qui montre qu'on peut être un enfant mignon et mal tourner pour finir par chanter avec les cheveux plein de sueur, mais je doute qu'on retrouve ça dans la mise en scène. Une fois accepté le fait que le monsieur ne chante pas Zombie dans les premières notes du refrain, l'ensemble me plaît bien. 
  • Ukraine, 6 points: j'ai l'impression que ce titre pourrait exister depuis une quinzaine d'années, mais le refrain me fait dodeliner et j'ai fini par chantonner les ohohoh oh ohohoh oooh. Alors oui, quand tout ralentit avant le final, c'est gentiment ringard, mais du ringard qui marche.
  • Moldavie, 7 points: chic, des trompettes balkaniques! On pourrait me chanter n'importe quoi avec ces pouet pouet pouet qui marquent le rythme en fond, ça me met de bonne humeur spontanément (mais là, sérieusement, elle hésite entre les deux garçons, c'est ça?). Je suis même extrêmement frustré par cette fin qui appelle TELLEMENT un nouveau refrain et puis non, coitus interruptus.
  • France, 8 points: j'ai beaucoup écouté cette chanson depuis Destination Eurovision, mais dans sa version originale, et je trouve que cet edit de 3 minutes la dessert un peu. Notamment, il lui manque mon passage préféré de la chanson -derrière les sémaphores, serait-ce le bon port?- et la coupure qui va avec brise la montée vers les Mercy Mercy, même si le public ne manquera pas de les reprendre avec les mouvements de bras qu'il faut qui émouvront tous les téléspectateurs qui porteront cette chanson jusque sur la première place.

Commentaires

Nataka a dit…
Je vais passer l'après-midi à cramer au soleil dans mon jardin où l'herbe est verte et où les abeilles bourdonnent parce que bordel je le mérite, et puis j'ai fait le ménage ce week-end.
Pfiou, 11 chansons d'un coup.

Montenegro : j'aime bien les chansons sentimentales en serbo-croate et ses variantes, mais celle-ci ne vaut pas Nije Ljubav Stvar, et Vanja a une jolie veste d'uniforme mais Željko Joksimović avait mis le bas de son pantalon de costume dans ses bottes et ça restera difficile à imiter. Ce n'est pas un mauvais moment, ceci dit.
Georgie : Polyphonies ! Yesssss ! J'aime les polyphonies. Et apparemment, c'est une tradition georgienne, les polyphonies d'hommes. Je ne sais pas ce que "jazz-band" vient faire là-dedans. Mais j'aime. Vraiment beaucoup.
Hongrie : Oserai-je dire "beaucoup de bruit pour rien"? C'est le même rock bruyant qui faisait semblant d'être un peu hard qu'on écoutait il y a 15 ou 20 ans, et je n'en étais pas fada déjà à l'époque. Bon au moins ça réveille, si c'est en fin de soirée ça sera bien.
Russie : La dame qui n'a pas eu le droit de venir l'année dernière retente sa chance. Elle a une jolie voix, la chanson porte le message qui va bien. Je suis évidemment pour la visibilité des personnes handicapées dans tous les médias, et c'est bien qu'elle soit là. Mais si elle n'est pas là en finale elle ne me manquera pas. C'est quand même très, très standard, et très aidé informatiquement au niveau des refrains j'ai l'impression, et l'instru est basique.
Moldavie : Wouuuu fiesta ! Ah ben ça c'est jouasse. Quand il faudra faire hep ! hep ! hep ! en tapant dans les mains, comptez sur moi. Et au cas où on la trouve un peu longue sur la fin, elle finit bien. (Aussi, il faudrait envoyer ce chapeau à Melania Trump, ça irait bien dans sa collection.)
Lituanie : C'est complètement charmant, mais ça s'élève à peine au dessus du niveau de la berceuse, je me demande comment ça va donner quelque chose sur scène à moins de monter beaucoup le son.
Ukraine : Passons sur ce clip étrange où un Jonathan Harker du pauvre affronte un démon-gâteau d'anniversaire (et joue sur un piano enflammé comme un Jerry Lee Lewis qui n'aurait pas été touché par l'esprit du rock'n'roll). Il reste une chanson rythmée à base de oh oh owo et de hey hey pas nécessairement déplaisante qui gagnera à une mise en scène plus lumineuse.
Espagne : Sont tout mimis ces deux-là. L'harmonie des voix est impeccable. Mais la montée sur la fin fait un peu chiqué, et l'ensemble reste donc un peu plat. Mais c'est joli, ça amène un sourire.
Belgique : Les couplets sont un peu longs vu ce qu'ils sont peu enthousiasmants, mais les refrains apportent quelque chose en ne sonnant pas comme toutes les autres chansons standards qu'on entendra. Ceci dit ça se démarquera difficilement.
Finlande : Saara fait un peu peur et elle articule vachement fort. Le truc le plus sympa dans la chanson étant les "I ain't scared no more" aigus des choristes (bordel cette grammaire !), j'espère qu'elle mettra au moins à profit, quand elle sera sur scène, les rythmes latinos qu'on a mis dans sa grosse dance qui tache.
France : J'aime que la France envoie une chanson sur ce sujet à l'Eurovision. Malheureusement je trouve que Mercy manque de force, que ce soit pour son sujet ou pour l'Eurovision, en tout cas dans sa forme "officielle" parce que je ne crois pas avoir entendu la version longue originale. Madame et Monsieur ont un look très "artsy" qui va encore nous faire passer pour des snobs pas drôles. Il semblerait que sur scène ce soit quand même assez bien pour faire monter leur cotte significativement, auquel cas tant mieux, parce que si on regagne l'Eurovision au bout de 41 ans avec une chanson sur les migrants, ou même si on pète les scores en finissant dans un top 3, mais le symbole d'espoir que ce serait !
Rhum Raisin a dit…
Pas le temps de commenter cette histoire de 33 secondes, j'ai 11 chansons à écouter, moi.

Mon classement du jour :
11 - Belgique : cette pauvre chanteuse belge n'aurait peut-être pas atterri à la onzième place de mon classement si elle n'avait pas été la seule de la liste à avoir été éliminée hier soir. Mais au mieux, elle aurait été dixième, c'est dire à quel point je la trouve inintéressante.
10 - Russie : cette dame me met mal à l'aise. La voix, la mélodie et la chanson sont tristement banales.
9 - Finlande : je n'accroche pas du tout à ce rythme "dance qui tache", comme dit Nataka. De la musique facile, sans intérêt.
8 - Lituanie : c'est la chanson idéale pour se calmer, reprendre son souffle et faire des étirements quand on a fait un footing d'une heure. Et donc, quand on ne fait jamais de footing d'une heure, bah on n'écoute pas notre amie lituanienne.
7 - Géorgie : je suis comme Pierre, je ne trouve pas que ce soit très harmonieux au final. C'est peut-être simplement qu'ils n'ont pas choisi le bon leader du groupe. Et il faut attendre trop longtemps avant que ça s'envole.
6 - Ukraine : bienvenue en 2002 ! Trop surfait.
5 - Espagne : c'est tellement gnangnan et plat que je me suis fermement ennuyé. Tout comme pendant l'extrait d'hier pendant la première demi-finale. 3 minutes interminables.
4 - Monténégro : je ne suis pas insensible à ce style grandiloquent, et ces ahahahaha juste avant la montée sont tellement ridicules qu'ils m'ont fait rire. Si c'est un garçon qui a un peu d'auto-dérision en live, ça peut me plaire. Par contre, s'il est trop vincentnicloesque, je vais trouver ça nul.
3 - Hongrie : tout comme Nataka, je n'ai jamais accroché à ce style de rock agressif, et pourtant j'aime bien l'idée d'être réveillé par cette chanson, au milieu de chansons molles.
2 - Moldavie : on aurait presque oublié qu'on manquait de soleil. Dans le cru 2018, il y a finalement peu de chansons ensoleillées, donc elle sort du lot, et c'est plutôt plaisant.
1 - France : comme à mon habitude, je place la France en première place. Lors de ma première écoute, j'ai trouvé cette chanson nulle, comme toutes celles qui ont concouru à Destination Eurovision. Et, comme c'est Mercy qui l'a emporté, il a bien fallu que je la réécoute. Et au fil de mes écoutes, je dois dire que je m'y suis fait, le refrain se fredonnant facilement à longueur de journée. Les Mercy Mercy de la fin constituent bien sûr mon moment préféré de la chanson. J'avais tellement trouvé les chansons d'Amir et Alma décevantes que je ne peux qu'aimer la branchouillerie assumée de Madame Monsieur.
Nataka a dit…
Du moment que Madame Monsieur ne mettent pas un tiers de leur chanson en anglais, comme les précédents candidats...
Pierre a dit…
Il y avait tout de même des bonnes chansons dans Destination Eurovision. Beaucoup de mauvaises et de très mauvaises, quelques insignifiantes mais, tout de même, trois bonnes chansons. Mais le côté branchouille de Madame Monsieur est un plus, je crois. En fait, on peut peut-être récupérer les votes des gens qui aiment bien les chansons belges (ça manque peut-être un peu d'électro, cependant). En tout cas, Nataka, sois rassurée, pas d'anglais dans la version Eurovision. TOUT repose dans la choré du public sur les trente dernières secondes.

Nataka, est-ce qu'on peut parler de visibilité des handicapés, en parlant de la chanteuse russe, alors qu'on ne voit pas, de tout le clip, qu'elle est en fauteuil et qu'on préfère le cacher sous des effets spéciaux moches de montagne?
Nataka a dit…
On peut vu que tout le monde sait qu'elle est handicapée, que tout le monde sait ce que cachent les effets spéciaux moches, et que ça fait partie du numéro d'une façon ou d'une autre et que la délégation russe compte certainement avoir des votes pour le fauteuil autant que pour la chanson.
Mais pour moi ça marchera pas : elle dit dans ses interviews que sa maladie est due à une mauvaise réaction après une vaccination. Toutes les recherches scientifiques disent que c'est n'imp et je pourrais jeter des pierres aux gens célèbres qui ont une plateforme et qui l'utilisent pour alimenter les délires des antivax.
Voilà, moment politique off.

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