Un amour de vacances

Je le vois bien, vous trépignez, depuis cette nuit, avec une seule question qui tourne en boucle dans votre esprit et vous prive même du goût de vivre pour absolument tout le reste: pourquoi Mulhouse? Parce que bon, des vacances à Mulhouse, ça sent la louze, la louze, la louze. En tout cas, déjà, ça rime avec, et ça n'est jamais bon signe.
C'est pourtant bien dommage, ces idées préconçues qu'on aurait, alors que Mulhouse, c'est tout de même la capitale du musée technique, avec la Cité du train, la Cité de l'Automobile et ce musée sur l'électricité que je n'ai pas visité parce qu'il faudrait quand même pas pousser. Ceci, cependant, ne saurait suffire à expliquer pourquoi, subitement, j'ai décidé d'aller passer la fin de mes vacances de printemps à Mulhouse, et pas, par exemple, à Strasbourg, ou éventuellement à Toulouse, si vraiment il fallait une rime. Mais pour l'expliquer, il faut remonter en arrière. Vers la fin du mois d'août 2015 quand, à l'avant-veille de la rentrée des classes, bien décidé à profiter de mes vacances jusqu'au bout, j'avais décidé d'aller voir la mer. C'est un truc qu'on ne fait jamais assez souvent, d'aller voir la mer. Et, après un rapide passage à Béziers et Carcassonne, c'est tout logiquement que j'ai choisi Le Havre, son béton, ses galets, son port international, mais le tout classé au patrimoine mondial de l'Unesco.
Et c'est bien normal, parce que c'est vraiment une ville très agréable, Le Havre.
Du moins, en août. Et à la condition sine qua non d'aimer un peu le béton: dire qu'il n'y aurait que du béton à Le Havre serait un peu réducteur mais, faut bien l'admettre, il y en a pas mal.
Toujours est-il que, décidant parfois facilement de me créer des habitudes à partir d'une expérience unique, je décidai, dès l'année suivante, de retourner voir la mer la veille de ma rentrée, histoire de pouvoir narguer Monsieur Maths en lui disant "hé, à demain", avec une photo où, visiblement, j'ai les pieds dans l'eau. J'avais alors choisi Saint-Malo, sur les remparts de laquelle il est agréable de déambuler, mais bon, c'est pas Le Havre (et après tout, qui est-on pour juger et sommes-nous vraiment sur un blogue voyages?). Enfin, l'été dernier, mes vacances devaient se finir à Caen.

Alors oui, je vois bien ce que vous vous dites.
Déjà, à quel moment vous avez signé pour une soirée diapo avec même pas de diapos dedans.
Et puis, bon, ensuite, Caen, la mer... Caen, la mer?
Vous le saviez, vous, que Caen et ses environs s'étaient rebaptisés Caen-la-mer?
Parce que moi, non. Moi, j'avais simplement prévu de passer à Caen, visiter, trouver ça moche et pluvieux comme dans les chansons d'Orelsan et de reprendre le train pour aller à Cherbourg, parce que Cherbourg, la mer, oui. Mais comme je n'avais encore jamais écouté d'album d'Orelsan à l'époque et qu'il faisait un grand soleil, je me suis retrouvé à Ouistreham ou la mer à seulement une navette de Caen. C'était pratique, c'était pas loin de Caen et ça tombait bien, parce que, surtout, à Caen, et ce serait compliqué d'expliquer le comment du pourquoi (et vous savez, en plus, comme je déteste les digressions), j'ai couché avec un garçon.
C'était bien.
Mais ça ne s'est plus reproduit depuis, ni à Caen, ni Comment.
Et les mois ont passé. Encore. Et encore. Vint l'automne, avant l'hiver, puis la nouvelle année, et même le joyeux anniversaire. Comprenez-moi, car je ne suis qu'un homme: j'avais faim. Et un jour que je déambulais dans les rayons de la Fnac (c'est finalement quelque chose que je fais assez souvent, même sans aller à Rennes), un disque à la pochette pleine de rouge m'a tapé dans l’œil. Plus exactement le monsieur blond platine avec un sparadrap sur le nez et un faux air de faux bad-boy qui jouait avec sa langue dessus. Alors j'ai acheté l'album de Therapie TAXI.
En 33T, pour pouvoir l'exposer sur mon bureau juste en face de moi à l'instant où je tape ces lignes.
Oui, le manque de sexe peut me faire agir étrangement. Normalement, ça commencera à passer quand j'atteindrai l'année d'abstinence et que j'admettrai que peut-être que plus jamais ça ne m'arrivera avant de redevenir un problème au bout de la deuxième année d'abstinence, parce que bon, hé, ho, dites!, c'est long, presque autant que ce billet qui doit maintenant s'arrêter avant de devenir totalement gênant et en plus, c'est bon, maintenant, vous savez pourquoi Mulhouse.

Therapie TAXI – SALOP(E) (2016)


PS: Le monsieur brun gagne beaucoup à être vu en live. Plus que le monsieur blond qui passe son temps derrière son clavier et son ordi au fond de la scène. Plus aussi que la madame qui passe son temps à tirer la tronche sans jamais rien dire entre ses chansons. Le monsieur brun a presque tendance à donner l'impression de tirer beaucoup la couverture à lui, alors qu'il porte une chemise à fleurs sur scène (sauf à la fin, où tout le monde est vraiment bien content qu'il enlève cette atroce chemise, car la mode).
Et sur un plan artistique, c'était mon premier concert où la personne sur scène décide de faire tourner une bouteille de rhum coca dans la salle ou demande aux gens qui veulent danser de venir près de la scène (voire sur la scène), alors c'était aussi mon premier concert où j'ai été sauté. Pas du tout dans le sens où tout le monde aimerait le comprendre quand ça fait huit mois que non, rien, jamais, personne, nulle part, mais parce que, tout tassé que j'étais entre les gens qui voulaient boire et ceux qui voulaient danser, ou les deux, je n'étais plus tout à fait maître de mes mouvements quand tous ces gens ont dansé. C'était épuisant, mais c'était un très bon moment.
Et heureusement que c'était à Mulhouse!
Et maintenant, un point Eurovision.

Elina Nechayeva - La Forza (Estonie)

Rasmussen - Higher Ground (Danemark)

SuRie - Storm (Royaume-Uni)

Sanja Ilić & Balkanika - Nova Deca (Serbie)

The Humans - Goodbye (Roumanie)

J'avais pourtant essayé de choisir des chansons bien classées chez les bookmakers...
  • Serbie, 2 points: évidemment, comme la Bosnie-Herzégovine n'a plus les moyens de participer, il faut bien que quelqu'un se dévoue pour la chanson aux forts accents balkaniques. J'aime assez l'ambiance de la première minute, qui impose l'écoute. Le monsieur qui arrive ensuite a une très jolie barbe, mais ça casse à peu près tout, et les sonorités dance très pauvres qui arrivent ensuite n'arrangent rien.
  • Roumanie, 2 points: à voir la dame prendre son air sérieux au milieu de son groupe qui attendait, je m'attendais à une explosion musicale, mais en fait, non. Pire, ça finit juste quand on a l'impression que, peut-être, il allait se passer un truc.
  • Estonie, 2 points: cette robe géante, cette voix, c'est la prestation du Roumain Cezar d'il y a cinq ans, non? Avec les effets dessus de la Moldave Aliona Moon de la même année. Mais avec une chanson gentiment chiante, tout de même. Oui, il y a une voix, oui... Est-ce que ça a fait gagner Amuary Vassili, ça?!
  • Royaume-Uni, 5 points: plus efficace à la deuxième écoute. Ça sonne assez classe (ce qui ne veut absolument rien dire, je sais bien - ça doit venir des cheveux courts et blonds) et plus moderne que les chansons britanniques des dernières années. Le refrain finit par donner envie de le chantonner, mais je crains que ça ne dure que le temps de la chanson.
  • Danemark, 5 points: j'ai cru à une chanson de viking islandais ou norvégien, avec cette intro (très efficace!). Ah, çà, j'ai été un peu déçu par le refrain très pop nordique pas hyper subtile ni originale. Mais bon, des choristes nordiques avec des grosses voix, ça fait quand même toujours son petit effet.

Commentaires

Nataka a dit…
Je ne dis pas non à Mulhouse un jour à l'occasion, mais sans doute pas pour aller voir Therapie TAXI, même si ils sont bons harmoniquement parlant. Ou alors il faudrait que j'écoute d'autres chansons, puisque en concert ça finit par sauter c'est que ça doit être globalement moins lancinant que ce titre.
Et t'inquiète pas, pour l'abstinence t'es large par rapport à moi (mais moi ça ne me ronge pas, faut dire).
Estonie : Tiens, du lyrique. Ça varie un peu. La chanteuse offre une performance vocale certainement remarquable, mais alors c'est quoi cette daube instrumentale derrière ? Un truc préenregistré dans le synthé ? Bon, en tout cas, le décor de vagues sur sa robe rend bien, ça fera toujours rigoler les critiques mode.
Danemark : Oh mince, des vikings qui s'appellent Rasmussen et qui chantent une chanson de marins. Lol. Je vais supposer que le look c'est de la mise en scène, parce que cette chanson a l'air de sortir d'une comédie musicale. C'est sympatoche, y a une chance qu'elle me reste dans la tête. Mais il va falloir envoyer beaucoup plus de bois que ça pour enflammer la foule. En attendant c'est un peu rigolo.
Royaume-Uni : En 9 ans je n'ai aimé qu'une fois ce que le RU a envoyé, c'était Molly Smitten-Downes en 2014. Le reste du temps, on dirait surtout que le comité britannique n'en a rien à fiche de se casser les miches à envoyer quelque chose d'un peu bien, et ne font même pas semblant. Et cette année ne fera pas exception. J'essaie, hein, mais non, c'est ENNUYEUX bordel.
Serbie : Donc Sanja Ilić c'est seulement le gars au clavier. Et les chanteurs c'est Balkanika. Et ben pour le moment, par pur besoin de ne pas entendre 43 fois la même chose, je suis même prête à m'intéresser à la folklo-pop. Même si je sais qu'à la fin ils auront 6 points et que je les aurai oubliés dans deux semaines.
Roumanie : On dirait un mix entre Miranda Richardson et Bonnie Tyler. J'aime bien sa voix, et elle est accompagnée par du violoncelle (qu'on entend moins quand les instruments électriques se mettent en route, mais quand même). C'est un rock sympa à écouter dans la voiture, et la chanson n'a pas l'air de durer trop longtemps. J'aime bien. Faudra que j'écoute les paroles de plus près.
Pierre a dit…
Oh, vraiment, Mulhouse, il faut que ce soit à l'occasion, parce que c'est sur la route. Je ne sais pas si ça vaut le déplacement en soi. En revanche, ce titre est le dernier du concert de Therapie TAXI (avant les rappels), donc autant te dire que ce titre est l'un de ceux où le public saute (en criant "salope", il va de soi).

L'Estonie bénéficie d'un retour de hype extraordinaire. Je trouve ça inintéressant et c'est deuxième chez les bookmakers. La robe doit être visuellement folle (mais de là à faire oublier que la chanson est chiante?).
Nataka a dit…
Je ne dirais pas que la chanson estonienne est chiante, mais je maintiens que l'accompagnement est pauvre.
Rhum Raisin a dit…
Et donc, ton one-shot de Caen (ou de Ouistreham, je n'ai pas tout compris), c'était le blond de Therapie TAXI ?

Mon classement du jour :
5 - Serbie : Ah, ces morceaux folkloriques sur des rythmes up-tempo... Peut-être que ça démocratise le genre, mais qui aura envie de voter pour eux ?
4 - Roumanie : c'est vrai que la voix de la chanteuse est jolie, mais c'est trop plat, malgré les guitares électriques.
3 - Royaume-Uni : Effectivement, le Royaume-Uni se fout un peu de notre gueule à nous envoyer cette Annie Lennox du pauvre. Ce n'est pas nul, mais pas bien non plus.
2 - Estonie : au moins, la chanteuse a une plus jolie voix que la candidate portugaise. Elle monte très très haut, d'où cette deuxième place. Et au moins, si elle ne gagne pas l'Eurovision, elle pourra toujours se reconvertir dans des spectacles de chansons Disney. On notera quand même que certaines notes (dont la dernière) sont très risquées en live.
1 - Danemark : vous avez bien résumé le problème. Ils ont voulu ménager la chèvre et le chou : faire dans le mystique avec des accents celtes (la chèvre) et aussi faire dans l'Opéra-rock (le chou). Et du coup, ils perdent un peu de chacune des identités.
Nataka a dit…
Mais d'où tu entends des accents celtes dans la chanson danoise ?
Pierre a dit…
Nordiques, celtes... De toute façon, les Celtes sont partout, non?

Sinon, non, mon one-shot de Caen et Ouistreham (les deux, Monsieur!) n'était pas le blond de Therapie TAXI, ni le brun. Ni la fille dépressive.
(voilà, on parle de son idole roumaine improbable d'il y a cinq ans pour le faire revenir et même pas il rebondit dessus...)
Rhum Raisin a dit…
Oh, je viens de revisionner la prestation du Roumain de 2013 (que j'avais complètement oublié, évidemment). Je comprends mon engouement de l'époque, et je pense même que c'était mieux que notre Estonienne 2018. Mais bon, je vais quand même la soutenir.
Nataka a dit…
Je suis d'accord que Cezar de 2013 est mieux que Elina de 2018, et vachement plus flamboyant. Et dans mon souvenir c'était mieux musicalement aussi. Mais quand même, c'est pas comme si on croulait sous les chanteurs lyriques à l'Eurovision, c'est bien qu'il y en ait des bons de temps en temps.

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