Do-Day

J'aurais bien voulu dormir davantage, pour célébrer mon début de vacances tant attendu, samedi matin. Mais, passé 9h du mat', soit une nuit de 7h tout de même, il m'était absolument impossible de me rendormir et de grappiller quelques dizaines de minutes. C'est que ce samedi n'était pas un samedi comme les autres, c'était LE jour où, plus de treize ans après la dernière fois, j'allais voir Dorothée chanter sur scène. Et j'étais un peu stressé... Les répétitions vaguement montrées sur IDF1 n'étaient pas complètement convaincantes, l'album est assez moyen et l'idée de voir Jacky et des talents inconnus sur la scène pendant le concert, comme je l'ai lu ce matin-là, m'enchantait franchement peu. Ce serait quand même dommage que ce spectacle vire à la fête du slip avec tout ce que Jean-Luc Azoulay peut avoir de pire comme idées mises en scène, annihilant les souvenirs d'époque de Dorothée-la-chanteuse-qui-fait-trembler-Bercy. J'en suis même venu à un peu m'énerver tout seul quand, arrivé devant l'Olympia, Claudette (prénom fictif) a dit à son mari, tout en poussant ses enfants: «hé, Michel, tu as vu, tous ces fans de Dorothée, c'est horrible!», qui fit demander à Gwendoline (prénom fictif), six ans, «c'est quoi, Dorothée?».
«Dorothée, c'était quand j'avais votre âge», a répondu cette sans doute gentille mère de famille, qui, toutefois, sait qu'il faut parfois mentir aux enfants sur certains sujets sensibles comme le Père Noël ou comment on fait les bébés et a sans doute voulu couper court en arrangeant la réalité car oui, Gwendoline, Dorothée, c'est quand votre mère avait votre âge qu'elle a commencé sa carrière en noir et blanc avec une marionnette à côté (qui, du coup, peut expliquer ce léger dégoût depuis à l'évocation de ce nom).

Dorothée et Blablatus, une vidéo qui n'a pas grand chose à voir avec ce récit,
mais il faut bien faire des pauses de temps en temps
via ina.fr

Devant l'Olympia, de toute façon, je n'y suis pas resté longtemps, préférant soit le calme de la rue à côté sans tous ces trop nombreux gens devant, ou l'intérieur de la salle, une fois les portes ouvertes, où j'ai rejoint ma place -cinquième rang au centre- sans voir qui que ce soit ni réaliser vraiment, juste en achetant le programme, histoire d'avoir un truc à faire en attendant le moment fatidique. Puis les gens sont arrivés de plus en plus nombreux, réagissant de plus en plus fort aux chansons diffusées dans la salle, les vigiles sont venus se poser devant la scène et les lumières se sont éteintes et, quand le rideau s'est ouvert, tout est allé mieux, d'un coup. Elle était là, juste en face de moi, s'avançant vers le devant de la scène en chantant L'Olympia, le public était debout, applaudissant chaque phrase et c'était tout simplement indescriptible.

Et ça a continué quand le guitariste, le bassiste et le batteur sont descendus du plafond (avec leurs instruments) sur une musique absolument parfaite, quand elle a enchaîné sur Ça donne envie de chanter, quand les danseurs sont apparus, quand Allô allô Monsieur l'ordinateur a commencé le premier medley, quand elle a interprété Les chansons du passé ou quand Pour faire une chanson a débuté pour un deuxième medley. C'était tellement inimaginable il y a encore six mois et c'était là, presque parfait, même si tout n'était pas parfaitement répété ou qu'elle s'est pris les pieds dans son prompteur ou une enceinte!

Elle n'était pas complètement à l'aise, ses transitions semblaient très répétées comme pour se rassurer, comme ses quelques interventions envers le public, mais elle avait l'air émue, notamment en chantant 7 ans et demi. Peu importaient les défauts voire les ratés, entendre Folle de vous, voir une salle entière chanter en chœur Des millions de copains (et les talents d'IDF1 apparus d'un coup avec trois micros pour vingt), voir les chorégraphies et les danseurs, particulièrement celles du medley rock et de Les filles aiment les garçons (clap clap) et, surtout, revoir en live Les Neiges de l'Himalaya, avec tous les frissons que cette musique provoque dès la première note, c'était finalement épuisant -trois heures entracte compris, quand même!- mais surtout profondément jouissif.
Même un peu frustrant, avec ces danseurs et ces musiciens qui se mettent en place pour un rappel alors que, finalement, non...


La journée aurait pu être finie, mais il était écrit qu'elle aurait des rebondissements inattendus et c'est ainsi que, le soir même, après avoir croisé les danseurs dans la rue sans qu'ils me reconnaissent -alors que merde, j'étais au cinquième rang, quoi!-, grâce à des gens sympathiques et un concours de circonstances, je me retrouvais au balcon, face à la scène, derrière la régie dans laquelle Jean-Luc Azoulay sait se glisser si élégamment, avec un œil sur les écrans de Pat Le Guen à gauche et l'évolution des décibels dans la salle à droite, qui flirtaient avec la barre des 100 et la dépassait parfois. Et si voir Gérard Salesses passer de temps en temps ou apercevoir l'un ou l'autre visage connu parmi le public et aller discuter (ou pas) ne justifiait pas ce deuxième concert, la seule vue d'ensemble de la scène pour mieux voir les lumières qui n'avaient l'air de rien du cinquième rang le justifiait (et les chansons sans plantage, aussi). Et plus encore, le fait de voir le concert avec des vrais gens, au milieu d'une vraie foule de personnes là parce qu'elles avaient envie de revoir Dorothée en vrai et qui n'ont pas le moindre avis sur le nouvel album puisqu'elles ne le connaissent absolument pas, à part les chansons de Vivement dimanche prochain, à la limite...

Des gens qui, en entendant On a toujours besoin s'asseyent parce qu'ils ne connaissent pas et ne reconnaissent pas Jean-Paul Césari, des gens qui voient surtout l'enchaînement Le petite Jeanne-7 ans et demi comme un truc franchement long, des gens qui s'étonnent que le public soit capable de chanter les paroles de En rêvant quand Dorothée s'arrête (ce qui est particulièrement casse-gueule, parce que c'est quand même une minorité de la salle -même moi, j'ai un problème sur la fin de la première partie du refrain- et que les gens ne chantent pas trop fort histoire qu'on ne les entende pas trop non plus, ce qui marque le début d'un cercle vicieux), des gens qui s'emmerdent visiblement pendant le tunnel «chansons 2010» de la deuxième partie jusqu'à ce qu'arrive La valise 2010 et ses chaussettes rouges et jaunes à petits pois (voire les clap clap de Les filles aiment les garçons pour les plus réceptifs ou ceux qui se sont remis d'Une chanson d'amour dont ils n'auront pas forcément chanté les Na na na na nana que Dorothée fait chanter).

Mais aussi des gens qui réagissent au quart de tour en voyant Dorothée apparaître, des gens qui chantent par cœur les chansons d'époque et crient «Dorothée» avec ferveur pendant Dorothée Rock, des gens qui hurlent littéralement quand commencent Tremblement de terre et Les Neiges de l'Himalaya, des gens qui se lèvent et tapent des mains sur tous les génériques en ouverture de deuxième partie avant d'entonner de nombreuses paroles de Dorothée (ce qui prouve que le Dorothée se retient bien: une écoute et on est au point!) et surtout des gens qui réagissent de façon hallucinante à l'arrivée de Jacky sur la scène ou au seau d'eau qu'il se prend à la fin de Qu'il est bête, cette séquence même où, l'après-midi, je n'arrivais réellement pas à regarder la scène parce que j'avais un peu honte pour Jacky...
Mais hé, «c'est la tradition», dit Dorothée!

Hum, si c'est la tradition, c'est oublier un peu vite qu'on s'est très bien passés de la tradition en 1990, 1992, 1993, 1994, 1996 et 1996. Ou alors, il aurait fallu prévoir cette séquence où des brigands enlèveraient Dorothée en plein concert et qu'il faille que Nicky Larson vienne chanter sa chanson pour mettre les bandits en fuite (c'est bien connu, le Jean-François Porry et Gérard Salesses fait fuir les gens). Ce qui aurait permis d'éviter, au passage le passage harmonica de On a toujours besoin, qui reste un peu sur le bide, surtout juste après Le collège des cœurs brisés (mais moins que En ce temps-là en deuxième partie, qui fait carrément triplon).
Parce que c'est une très bonne chose, que JLA ait voulu mettre en avant le nouvel album, pour bien ancrer ce concert de Dorothée dans une certaine actualité au lieu de la cantonner au registre nostalgique, et je veux bien considérer dans ce cas le passage Jacky et le refrain de Nicky Larson comme des concessions faites pour les non-fans et ces gens juste venus voir l'idole de leur enfance (et puis, en échange, on a Faut laver, qu'il fallait aller chercher!), mais il aurait peut-être fallu économiser un ou deux nouveaux titres pas franchement indispensables qui ont quand même un peu plombé l'ambiance.

C'est dommage parce que, vu ce qu'elle était sur Les chansons du passé, Dorothée et Coup de tonnerre, je suis persuadé qu'avec un vieux titre en plus à la place d'une chanson 2010, pour éviter l'accumulation, les nouveaux restants auraient pu passer comme une lettre à la poste, pour peu qu'ils aient tous une vraie mise en scène, comme le début de Tant mieux juste avec les choristes ou la chorégraphie (vraiment fun!) de Les filles aiment les garçons (ou Je suis amoureuse, où elle répond à ses choristes, mais la fin est tellement ridicule...). Et 7 ans et demi aurait pu marcher sur mes voisins... Mais voir Dorothée aller et venir sur scène sans entrain sur En ce temps-là ou rester statique à chanter sans assez de passion la vie de La petite Jeanne, c'est sûr, c'est bof... D'autant qu'elle n'était pas encore très à l'aise, que ses «je vous aime très très fort» semblaient encore très récités et qu'elle n'osait pas trop interagir vraiment avec le public et sortir des sentiers balisés.


Mais qu'importe, le concert finit sur un enchaînement imparable et la dernière demi-heure était une tuerie avec une ambiance à son paroxysme sur Les Neiges de l'Himalaya, Des millions de copains (très long!), Folle de vous (très long aussi, avec ramassage de fleurs) et le rappel Coup de tonnerre (très long encore) et finalement, même si sa voix était un peu plus fatiguée -hé, deux fois trois heures!-, c'était encore mieux que l'après-midi et heureusement que j'y étais.

D'autant que ma soirée ne s'est pas arrêtée là, car il devait être écrit qu'elle aurait des rebondissements inattendus. Avoir un pass-backstage étant particulièrement inattendu. Passer dans les coulisses, croiser les boules à facettes des danseurs, monter un petit escalier, emprunter un étroit couloir noir, c'est juste énorme. On ne sait pas vraiment où on va, on suit les autres gens, sans en revenir. Et on arrive aux loges, la télé allumée sur la scène de l'Olympia, les portes menant à la salle «wardrobe» ou «Jacky wardrobe». Pas mal de gens, une chaleur terrible et au milieu, Jacky qui passe, Pat Le Guen qui discute, Julie d'Europe 1 qui salue, une choriste et le guitariste... Puis Dorothée arrive, portée par un vigile. On nous l'amène évanouie? Puis non, elle parle, dit qu'elle nous voit de haut, descend, commence à faire quelques bises, signe un cédé, un programme, pose pour les photos, disparaît, revient cinq minutes plus tard alors que les vigiles commençaient à vider les lieux, resigne, repose, rebise. Et rien que de la voir passer naturellement à même pas un mètre de moi, c'était très impressionnant. Elle ne m'a pas spécialement regardé, pas parlé, pas embrassé, rien signé, mais ça me suffit bien assez.
Et cette fois, vraiment, c'était fini.
Mais j'y retournais dimanche...


Crédits photo: AFP, IDF1, Pure People

Commentaires

Anonyme a dit…
Tu aurais pu me dire que tu y étais, tiens !
Faudra quand même m'expliquer pourquoi elle a flingué en 30 secondes de pot-pourri (terme révélateur) "Hou la menteuse" et "Allo Allo Monsieur l'ordinateur" qui devaient être le summum du spectacle... Et puis bon, chanter in extenso la valise slam alors qu'elle avait dit qu'elle ne la ferait pas...
Avec une ambiance pareille, elle aurait vraiment pu mettre le feu avec un tipeu plus de chaleur et des transitions un peu plus fluides, un peu moins sombres et un peu moins travaillées.
Un très chouette concert tout de même. Et puis le final sur "Des millions de copains" et "Folle de vous", c'est quand même 'achement la classe
Pierre a dit…
Dis donc, Anonyme (c'est la honte de parler Dorothée qui fait que tu ne signes pas?), tu ne m'as même pas dit à quelle séance tu allais. Enfin, je crois que tu ne me l'as pas dit. Mais ça m'aurait fait plaisir de te croiser, on aurait pu ne pas être d'accord et débattre en vrai (franchement, non, Allo allo et HLM n'avaient pas de raison d'être le summum du spectacle, même si HLM aurait mérité quelques secondes de plus, ou alors il faut en dire autant du fabuleux Attention danger, mais on a eu Maman) ça aurait été bien. Tu y étais quand, alors? Et où, donc?
Sache en tout cas que j'ai pensé à toi (enfin, je pense, si je pense au bon anonyme), quand elle a chanté Folle de vous.
Anonyme a dit…
Sans 2394, ce spectacle ne sert à rien !
Pierre a dit…
Oh là, ça commence à faire beaucoup d'anonymes. Je ne suis pas trop d'accord, sur 2394, parce que, entre Tremblement de terre et Coup de tonnerre, le quota chansons où les éléments se déchaînent est bien rempli, je trouve. Avec 2394, ça aurait pu faire le même effet que le trio des Cœurs brisés (sauf que bon, ce sont des chansons rythmées, donc moins chiantes en live, probablement). Mais là, les musiciens descendent du plafond, ça me suffit.
cecilette a dit…
J'espère que tu vas nous raconter la suite !! Oui parceque ça devait être écrit... ton week-end de folie ne s'est pas arrété au samedi soir !
Anonyme a dit…
Il y a quand même des anonymes que tu ferais de mieux de reconnaître, hé !
Sinon je suis d'accord pour 2394, j'aurais bien aimé l'entendre (pourquoi pas en lieu et place de Coup de Tonnerre, tiens)
Pierre a dit…
Rhâ, mais c'est pas drôle de cocher la case Anonyme! Enfin, là, je pense que le dernier Anonyme est le même que le premier. Et, pour illustrer l'album Coup de tonnerre, ça l'aurait foutu mal si la chanson du même titre avait été écartée du spectacle, non? Note bien que je la vomis sur le disque, mais ce qui en a été fait en live valait bien un 2394! C'était un peu une tuerie.

Cecilette, oui, c'est prévu.
Funben a dit…
Tu as fait un résumé bien complet qui nous permet de revivre le concert en comparant nos positionnements et ce que l'on a vu et/ou loupé. Vivement la suite!!!
Anonyme a dit…
Je rejoins le groupe des anonymes et des pro 2394, absent malheureux de ce concert !

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