C'est aujourd'hui dimanche... (ou presque)

Jean Ferrat n'ayant missionné personne pour clamser cette semaine, plus rien ne pouvait empêcher la diffusion du Vivement dimanche prochain avec Dorothée d'arriver. Et c'est donc ce qui est arrivé, dimanche, enfin, au terme d'un weekend où ladite Dorothée se trouvait aussi être invitée sur RTL, dans On n'est pas couché et même, consécration suprême, sur IDF1! Mais que c'est bon! Et que je suis content d'écrire ça et même de le crier devant mon écran tandis que je l'écris!

Parce que, je dois le confesser, j'ai eu peur.
Quand le premier titre de cette Dorothée 2010 a été diffusé, Dorothée, qui s'appelait encore On m'appelait Dorothée, j'ai été gêné. Gêné par une voix pas tellement mise en valeur, des notes qui passent dans la souffrance, des «onnnnn m'appelait Dorothée» pas loin de m'arracher des larmes de douleur, qu'elle ose caser une phrase comme «ensemble, on découvrait des dessins animés qui nous faisaient rêver», le tout sur l'air d'une chanson d'Hélène (certes bonne mais chanson d'Hélène quand même).
Quand le deuxième titre de cette Dorothée 2010 a été diffusé, Coup de tonnerre, j'ai été très gêné. Très gêné par cette orchestration absolument pathétique, digne d'un clavier Bontempi qui aurait pris la poussière depuis quinze ans dans la cave de chez Gérard Salesses et aurait ainsi perdu la capacité de sortir un son se rapprochant de ce qu'on peut appeler la musique, même la musique de Dorothée et par le rendu de cette voix encore, avant même de découvrir à quel point la version intégrale pouvait s'avérer longue et répétitive.
Quand le troisième titre de cette Dorothée 2010 a été diffusé, Emmène-moi, ça allait un peu mieux, parce que la voix ressemblait sur cet air-là à ce qu'elle pouvait être à l'époque ou qu'elle parlait de l'Himalaya, mais, si le plagiat évident d'une chanson d'Emmanuelle ne me gênait pas, il y avait toujours une impression de pas fini, de fins de phrases mal mixées, d'un pont mou du genou...
Quand le quatrième titre de cette Dorothée 2010 a été diffusé, Les filles aiment les garçons (clap clap), j'ai naturellement fait clap clap avec mes mains en entendant le clap clap un peu pourri du synthé et, même si c'était toujours aussi cheap, au moins, ça ressemblait vaguement à un son issu de l'album Docteur -une merveille!-, parce que c'était dynamique et sans aucune prétention. Mais sans mériter, oh non, qu'on s'extasie sur le titre ou qu'on ait pu attendre treize ans pour ça, parce que, bon, il y a comme un léger décalage entre l'âge de cette Dorothée 2010 et une phrase comme «Les filles aiment les garçons/ Coquins et polissons/ Directs et sans façons/ Comme ça» (même si je sais que toutes les filles de mon lectorat le confirmeront).


C'est ainsi que, il y a quinze jours, j'étais assez peu sûr d'avoir envie d'assister au tournage de Vivement dimanche prochain. Et il est un fait que le tournage fut sans temps mort mais sans surprise, avec un Michel Drucker particulièrement éteint, visiblement ennuyé de s'être déplacé juste pour ça. Mais quelques heures plus tôt, il y avait eu les répétitions et les enregistrements des chansons, un prompteur affichant Marjolaine a rejoint Nicolas sur les neiges de l'Himalaya (en espérant qu'elle a pris un très gros pull-over) pendant les derniers réglages, puis Dorothée arrivant sur le plateau comme si elle ne s'était jamais arrêté, chauffant la salle avec tous les automatismes du temps d'avant, agissant sur la scène avec une joie évidente et même une certaine émotion. Peut-être les conditions ont-elles favorablement joué, mais en tout cas, en entendant pour la première fois Les chansons du passé, enfin!, ce retour me plaisait.
Attention danger
On voit s'approcher
Sans un bruit
La machine avalé...


Dorothée - Les chansons du passé
via Youtube

L'euphorie a même permis l'impensable: me faire apprécier Coup de tonnerre!
L'expérience de la réécoute depuis a prouvé que, sans la fabuleuse chorégraphie derrière (ah, ces danseuses qui bougent si bien leurs épaules! ah, ce danseur brun qui sourit si bien!) et sans des gens en grand nombre qui tapent dans leurs mains, l'effet retombe, mais tout cela laisse augurer de bonnes choses pour l'Olympia et, je vous assure, ça me rassure.


Dorothée - Coup de tonnerre
via Youtube

Quand le reste de l'album de cette Dorothée 2010 a été diffusé, du coup, j'ai relativisé, sur les titres peut-être pas mal, qui pâtissent de ces arrangements, de ces prises de voix ou de ce mixage un peu merdiques, qui font que En rêvant est un peu mollassonne sur ses refrains alors que la mélodie est efficace comme du Dorothée, qui laissent croire que Emmène-moi pourra prendre un peu plus d'ampleur avec des vrais instruments qui sauront jouer un peu plus de deux notes en fond, qui permettent d'imaginer toute autre chose que des notes qui passent dans la souffrance, un air répétitif et des Nanana pas fameux en écoutant Une chanson d'amour...
Ce qui ne veut pas dire qu'elle doit se sentir obligée de tout chanter à l'Olympia non plus, hein!
Parce que, franchement, dans Je suis amoureuse, même si les horribles gnagnagna sont métamorphosés sur scène, elle finit toujours en parlant avec une voix de gamine insupportable pour dire que non, c'est pas Brad Pitt, non, c'est pas George Clooney...
Et, quitte à choisir une chanson dont les premières notes font croire, en y mettant sa main à couper dans le feu, qu'on va commencer en chantant Au collège des cœurs brisés, autant préférer Le collège des cœurs brisés à En ce temps-là ou On a toujours besoin. À la place de celles-là, autant laisser une chance à Mais pourtant, tu l'aimes, parce que les chansons avec à la fois le mot théorème et le mot anathème ne sont pas si fréquentes (et ça permettrait peut-être d'en entendre la fin plus agréablement que sur la version disque), à Méfie-toi des garçons, même si cette chanson n'a en soi rien qui mérite de se relever la nuit, ou à La petite Jeanne dont la mélodie pourrait être franchement belle avec les instruments idoines, même si le côté comptine qu'une grand-mère pourrait raconter à sa petite-fille risque de ne pas s'intégrer dans le spectacle.
Pourtant, le titre permet une si bonne mise en scène par la famille Azoulay au grand complet, que ça occuperait même les réfractaires à la chanson. C'est important de rire, aussi.


Dorothée - La petite Jeanne
via Dailymotion

Dans ce registre, il y a aussi La valise 2010, parlée -officiellement, c'est du slam...- avec son clin d'œil à la toute première valise d'il y a vingt-huit ans, et surtout son texte à prendre au trente-septième degré au moins pour pouvoir en profiter pleinement sans le trouver ridicule voire emprunt de quelques clichés qu'on pourrait trouver racistes si vraiment, on cherche la petite bête...
Je suis sortie dans la nuit
Pour voir un marabout qui habitait au bout de la rue des Hiboux
Pas très loin de chez nous
Il venait de la Côte-d'Ivoire
Je me suis dit «il va y voir»
Enfin, quitte à blinder l'album avec seize chansons, il ne faudrait pas oublier la plus que très sympathique Tant mieux ou celle dont elle case le titre dans toutes ses interviews, pour rappeler qu'elle a grandi, qu'avant elle avait quatre ans, mais que maintenant, elle a sept ans et demi et que ses fans font 1m95 et qui s'avère être une chanson très différente du reste de l'album, plus épurée (et tant mieux) et plutôt touchante.


Dorothée - 7 ans et demi
via Dailymotion

Commentaires

Jeanne ou Serge a dit…
J'ai mis dans ma valise
Mon écharpe cerise
Mes pastilles pour la gorge
Un bout de sucre d'orge...
Jeanne ou Serge a dit…
Ouh la menteu-seuh
Elle est amoureu-seuh
Monty a dit…
waou, 1m95 ?
Pierre a dit…
Ah, si seulement! Mais pas du tout, malheureusement. Et le fait de ne pas y être me frustre un peu plus, chaque fois qu'elle en parle, c'est-à-dire à chaque interview...

JoS, c'est justement cette valise dont on retrouve des morceaux dans la Valise 2010, que je t'invite donc à écouter sur Deezer.
Sniv a dit…
Même toi, tu propages les mètres 2010, c'est pas possible !
Pierre a dit…
Moi qui ai barré cette phrase (presque) pour toi!
Sniv a dit…
Enlève ce "presque" et déclare toi !

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