Rhabillé pour l'hiver

Il n'est plus possible, du moins je le crois, qu'en 2009, il existe encore des films, même pour les enfants, utilisant le ressort comique du benêt qui a une idée que personne n'écoute mais qui est immédiatement reprise par le génie de la bande, qui la présente comme démentiellement géniale, au point de s'attirer également le soutien du benêt déjà évoqué, assez benêt pour ne pas remarquer que c'est en fait lui qui a eu cette idée géniale.
Alors, autant le dire tout de suite, Astro Boy part avec un certain handicap (pour être plus exact, Astro Boy s'ajoute un certain handicap au bout d'une demi-heure). Mais avant d'aller (un peu) plus loin dans une critique d'Astro Boy, un petit jeu.


Saurez-vous trouver la différence entre le sourire de Freddie Highmore et celui de Kristen Bell?
...Non, cette question est cruelle et ça ne me ressemble pas.
Saurez-vous plutôt trouver la différence entre Freddie Highmore 2008 des Chroniques de Spiderwick et Freddie Highmore 2009 d'Astro Boy?
Je reçois à l'instant sur mon transpondeur une réponse de Géraldine, 17 ans, de Créteil:
Oh mon Dieu, mais c'est horrible!
Chère demoiselle, je suis d'accord avec vous. Là où Samy Seghir a juste découvert une voix de papa en deux mois, Freddie Highmore a remplacé ses amis minimoys par un appareil dentaire et de l'acné. C'est, après tout, un choix qu'il faut applaudir tant il est risqué pour sa carrière. Il ne reste qu'à espérer que, contrairement à Haley Joel Osment -qui fit un choix similaire avec les conséquences funestes que l'on sait-, Freddie n'a pas de petite sœur qui pourrait le remplacer aux yeux de ses parents avides d'argent de reconnaissance du talent de leurs enfants en décrochant le rôle de meilleure amie de Hannah Montana et en le cantonnant à des quatrièmes rôles de doublage dans quelques productions Disney.
Oh non, Freddie n'en est pas encore là!

Et, de toute façon, toutes ces supputations éventuellement mesquines ne sont qu'un détail pour évoquer Astro Boy car, dans sa version française, le spectateur, dont je fais partie, n'a même pas le loisir d'entendre Freddie Highmore, pas plus que Kristen Bell, Donald Sutherland ou Nicolas Cage, remplacés qu'ils sont par des acteurs certes doués mais absolument anonymes.
Alors jouons à un autre jeu: saurez-vous trouver la différence entre Astro le petit robot 1984 et Astro Boy 2009?


Le simple fait de voir ce cher Astro tout habillé, comme si c'était choquant de voir un enfant de même pas dix ans voler quasi-à oilpé dans les airs avec le feu aux fesses et aux pieds, laissait potentiellement craindre que cet Astro Boy soit un digne successeur de DragonBall Évolution, à savoir, grosso modo, une daubasse. Étant de 1984 également, ma connaissance de l'univers du formidable, de l'incroyable Astro le petit robot est plus que limitée (tout juste le visionnage de quelques épisodes du remake de 2003 et un début de lecture du manga, arrêtée au premier tome devant tant de désuétude et une impression alors médiocre); mon avis sera forcément moins biaisé que face à DragonBall Évolution. Et puis, pour rassurer tout le monde, l'affiche fait l'article et sort les arguments de poids:
Spectaculaire, drôle et touchant.
Le Journal de Mickey
Et, en effet, c'est bien ce que déclare, à peu près, Le Journal de Mickey n°2999, qui est une véritable référence en matière de critiques cinématographiques, même s'il est de mon devoir de blogueur-qui-dénonce de noter que l'article consacré à Astro Boy n'est en aucun cas une critique et que cette phrase, ou presque, est juste une phrase parmi d'autres et la seule qui donne son avis sur le film, comme ça, sans qu'on s'y attende vraiment.

Mais assez blablaté... Tout commence dans une centaine d'années, quand, après l'échec du sommet de Copenhague, les déchets ont envahi la Terre au point que les hommes et les robots à leur service ont dû s'exiler sur une ville-vaisseau, sans plus rien savoir de ce qui se passe en bas, où ils continuent quand même d'envoyer leurs robots cassés qui les encombrent. Et dans ce monde, un robot est chargé de tout nettoyer et le fait fort bien avec ses amis cafards jusqu'à l'arrivée d'un étrange robot blanc Tobi est une tête, du genre qui finit son contrôle en deux minutes tout en obtenant 100 après une correction extrêmement poussée de son professeur dont le métier difficile consiste à lancer le programme de correction et à choisir les films de propagande qu'il diffuse à ses élèves. Il a de qui tenir, son père est un savant extrêmement réputé, qui a mis au point l'énergie bleue et son pendant négatif inévitable, l'énergie rouge, à cause de laquelle Tobi meurt. Alors son père arrête tout pour construire un fils-robot de substitution, avec toute l'énergie bleue qu'il possède.

Et c'est parti pour une heure et demie à aborder successivement des thématiques aussi légères que le deuil, les enfants abandonnés et l'asservissement des robots (en évoquant les lois de la robotique d'Asimov), à débattre pour savoir si les robots ont vraiment une conscience ou si on peut les envoyer à l'abattoir sans sourciller, à monter des stratégies politiciennes basées sur la guerre et le rejet de l'autre ou à fomenter une révolution populaire avec Lénine et Marx comme icônes! On imagine aussi un début de romance niaise et on s'intéresse à une petite fille dont le destin est proche du grotesque bien qu'il soit terrible, avec quelques autres maladresses qui ne respirent pas l'originalité (relisez donc la première ligne), mais cela n'empêche pas cet Astro Boy de dérouler tranquillement son fil, sans temps mort, jusqu'à ce qu'Astro profite de ses pouvoirs pour affronter une terrible menace qui plane sur la ville. Enfin, en deux minutes chrono, le film prend le temps de justifier du même coup la raison d'être d'Astro (sauver le monde) et son look provocateur (dire non aux vêtements), ce qui constitue le vrai fond du manga.

Du coup, avec ses quelques arrangements avec la réalité du manga (je comprends bien le choix de ne pas garder 2003, mais cette ville dans l'espace qui fait trop penser à WALL•E, pourquoi?), Astro Boy constitue une espèce de préquel de la série, et se place plutôt comme un Lucky Luke... dont on voudrait bien voir la suite, avec des combats et un enfant de dix ans en slip.

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