L'été fut chaud

Il devient impératif que les gens qui se sont dits que la Fête du Cinéma, ce serait cool si ça durait une semaine, reviennent urgemment sur leur décision. Non, la Fête du Cinéma, quand ça dure une semaine, c'est absolument désolant. Ça n'intéresse personne, il n'y a personne dans les salles et mon UGC ne fait même plus semblant de s'en préoccuper. Disparus, les plannings de quatre films dans la journée pour voir le plus de choses possible en optimisant les délais inter-séances. Envolée, l'angoisse de devoir tout remettre en question à cause d'une séance qui affiche complet à 13h35. Perdu, ce sentiment de voir des films qu'on n'irait jamais voir en temps normal, juste parce qu'il tombe à l'heure qu'il faut et bouche le trou parfaitement entre deux blockbusters bien bourrins dont l'un des deux, au moins, est naze.
Non, tout ce que je retiens de ma Fête du Cinéma 2011, c'est que La Lucarne (dont le nom reflète assez bien les modestes dimensions), en plus de distribuer des passeports alors même que le tarif normal y est de 5,50€, est un cinéma climatisé!
UN CINÉMA CLIMATISÉ!!

C'est difficilement concevable aujourd'hui et pourtant, lundi dernier, quand j'ai fait cette découverte, il faisait chaud.
Très chaud.
Horriblement chaud.
Et ça, c'était encore sans même devoir fournir un effort physique en plein milieu d'un trottoir pour tenter de faire rentrer des fauteuils de cinéma dans le coffre d'une Clio Campus, pour finalement constater que c'était impossible. Du moins, sans les démonter, étant entendu qu'il était absolument inconcevable de laisser ces fauteuils sur le trottoir, qui n'était déjà pas leur place initiale, même si je doute que l'Opéra de Pékin l'ait été davantage, quoiqu'on ait pu affirmer à ce sujet.
Non, c'est bien simple, si je n'avais pas perdu toute l'eau de mon corps en transpirant des paupières, j'aurais pu pleurer de joie en sentant la douce brise venue de ce climatiseur dans cette petite salle où j'étais absolument seul pour en profiter. De même que je fus seul à profiter de Une folle envie, ce qui fut un peu troublant, voire gênant quand je me suis entendu rire, tout seul dans cette salle qui semblait soudain bien grande, après une blague probablement navrante que j'ai, de toute façon, oubliée, comme à peu près tout le film.

Le vrai problème, de cet échelonnement sur une semaine, c'est que, pour quelqu'un comme moi, qui sais si bien remettre un truc au lendemain, je n'ai plus aucune pression, plus aucune date butoir. Puisque ça dure une semaine, j'aurai bien le temps de m'y consacrer demain, et en attendant, il faut que je surveille le brevet dans une salle avec une seule élève, que je surveille le brevet, que je surveille le brevet, que je corrige le brevet, que je m'occupe d'acheter des jus de fruits pour avoir quelque chose à boire le soir de la fête de fin d'année du collège... Et bim, on est vendredi, ou quasiment.
Au moins, on peut aller voir Les Tuche, même si la bande-annonce a l'air navrante, que cette sortie un vendredi est un peu suspecte, comme s'il fallait éviter à tout prix le moindre bouche-à-oreille, même si on est déjà un peu maussade.
Car voyez-vous, vendredi, j'étais un peu maussade.
Car voyez-vous, vendredi, c'était après jeudi, après la fête de fin d'année du collège.
Celle qui voyait le départ de Mme Anglais, M. SVT, M. Physique, Mme SEGPA, M. SVT, M. Physique, Monsieur et Monsieur Technologie (qui -j'ai vérifié- ne sont ni de la même famille ni en couple, ce qui prouve que les coïncidences existent), M. SVT, M. Physique, mon collègue direct Monsieur Mathématiques et, même si c'est mal de faire des classements de gens, surtout de M. SVT et M. Physique, avec lesquels j'ai passé une très large partie de mon temps cette année au collège.
Mais j'en oublierais presque Monsieur Arts Plastiques, dont le départ était fort émouvant, même s'il fut chanté sur l'air de New York avec toi de Téléphone, étant donné qu'il était là depuis qu'il m'avait enseigné les arts plastiques en quatrième.

Alors, en tant que pilier de l'établissement, il a eu droit à des tas de cadeaux, plus encore que les autres, et au-delà, donc, de la chanson d'adieu (ça, même moi, je l'ai eue, après seulement trois ans, c'est peanuts!). Par exemple, il a eu droit à des créations artistiques de la part de tous ses collègues, autour d'une même photo à détourner, pour laquelle j'ai pu ressortir mes crayons de couleur qui n'avaient plus servi depuis la fin de la troisième (avant d'utiliser ceux de ma sœur, bien plus beaux et nombreux, quitte à la créditer en fin de chaîne). Et puis, aussi, il a reçu un calendrier, une espèce de Dieux du stade, mais appliquée aux profs. Avec finalement beaucoup plus de filles que de raison.
Non, pas moi, non.
Ça va pas, non?
J'ai été son élève, enfin!
Mais Monsieur Physique, oui.

Tout était prévu, affirmé: il allait faire sa photo le weekend précédent, sûr de sûr!
Mais lundi, Monsieur Physique n'avait évidemment toujours pas fait sa photo, hé non.
Et il fallait la faire, car une promesse est une promesse!
Et dernier délai à midi, pour avoir le temps de fignoler le calendrier.
Alors, j'ai proposé mon aide pour trouver une idée de mise en scène, histoire d'illustrer sa matière de la meilleure des manières, en glissant éventuellement l'une ou l'autre allusion phallique dans la mise en scène, tout en veillant à ce que cela reste subtil, car il ne faudrait surtout pas être vulgaire, même si ça peut être drôle, sans doute, de porter un oscilloscope à bout de bras, en ne portant rien d'autre qu'une blouse grande ouverte, comme pour signifier toute la passion qu'on porte à la matière qu'on enseigne.
Et puis, il a fallu prendre la photo.
Et comme j'étais là, j'étais la personne toute désignée, évidemment!
Alors, naturellement, Monsieur Physique s'est mis torse nu, a enfilé une blouse qu'il a ouverte pour montrer son torse, avant de trouver qu'il pouvait la faire tomber sur son épaule quand je lui ai suggéré de faire un peu plus chaudasse, même s'il a préféré garder son pantalon, en le remontant au-dessus du genou parce qu'il avait la flemme d'enlever ses chaussures (alors que je savais déjà qu'il avait un boxer rouge, vu ce que l'énorme trou de son pantalon permettait de voir).
Et je l'ai pris.
En photo.
En tâchant de laisser penser qu'il pouvait être effectivement nu sous sa blouse, en multipliant les clichés. Je suis resté absolument stoïque, car je ne suis pas un pervers lubrique en vrai, même lorsqu'il me fallait m'approcher de lui pour lui montrer le résultat, faire d'éventuels ajustements et recommencer et prendre de nouvelles photos.
Avec un appareil qui n'était pas le mien.
Mais peu importe, Monsieur Physique avait ainsi honoré sa promesse, et c'était le principal.

Quant à moi, lundi, j'ai eu chaud, j'ai vu Une folle envie.

Commentaires

Rhum Raisin a dit…
Je trouve que tu aurais quand même pu participer au calendrier des Dieux du Collège pour M. Arts Plastiques. Ainsi, c'est M. Physique qui aurait pu, en remerciement de t'être dévoué à le prendre en photo nu, ou presque, te mettre en scène avec un double décimètre entre les mains.
Bon bien sûr, avec toute cette émotion, tu aurais perdu tes moyens et tu aurais sans doute voulu cacher les réactions de ton corps.

Et je te comprends bien. Parce que, à deux seuls dans une pièce, presque nus, ce n'est vraiment pas le moment de suer des paupières.
Pierre a dit…
Donc toi, un prof de maths qui poserait nu, tout de suite, on lui met un double décimètre en main! Ah, bravo les idées mal placées, Monsieur RR!


Bon, en fait, le Monsieur Maths qui a posé pour ledit calendrier avait carrément un mètre en main, comme tout bon prof de maths (je ne préciserai pas que, en plus, lui était vraiment en caleçon et tenait ostensiblement ce mètre à ce niveau-là, mais comment aurais-je pu lutter, alors?).

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