Sans fleurs ni couronnes


Sans tambour ni trompettes, les portes du Montecito se sont refermées il y a deux semaines sur TF1, quelques mois après NBC. Et au terme de cinq saisons de Las Vegas, on ne saura finalement pas si l'accouchement de Delinda s'est bien passé, si Danny et elle ont eu un fils ou une fille, si Mike et Piper vivent heureux, ni même si le casino a changé de main... Les éléments mis en place dans l'épisode 5.19, 106ème et dernier épisode de la série, auraient fourni la matière idéale pour la suite, mais la grève des scénaristes est passée par là, scellant le sort d'une série trop chère et pas assez regardée. En même temps, on pourrait être tenté de dire «Pas grave, ce n'était que Las Vegas, une petite série bien sympathique mais pas non plus essentielle». À commencer par TF1, peut-etre, qui a laissé sa série prendre la poussière bien trop longtemps en attendant quatorze mois entre les saisons 3 et 4, ou en diffusant sans bruit des épisodes inédits en semaine, à la suite d'une énième rediffusion.

Pourtant, au terme de cette cinquième saison, la série n'est plus celle de ses débuts, à jouer la carte des petites enquêtes policières avec, une scène sur deux, des gros plans sur des seins refaits (dont la moitié est réservée à l'exploitation dévédé, pour ne pas trop choquer quand même), et une flopée de guest-stars pour attirer le chaland. À vrai dire, la série a subi une première modification non négligeable dès ses premiers épisodes, en se débarrassant de la voix-off de Danny McCoy qui n'avait rien à envier à celle de Meredith Grey. Mais surtout, Las Vegas a compris qu'elle ne pouvait pas sérieusement être une série sérieuse. Et, après un très difficile début de saison 2, abordant péniblement le retour des soldats d'Irak, la série s'est orientée lentement, mais sûrement, vers le n'importe quoi. Les personnages de Danny, Ed et Mike se sont transformés en agents de très haute qualité mais aux méthodes parfois dignes de bras cassés: le patron est un ex-agent de la CIA absolument incapable de tenir tête à sa femme ou à sa fille tandis que ses employés multiplient les paris débiles et les défis de jeunes coqs pour savoir qui a la plus grosse expertise en matière de sécurité. Autour d'eux, gravitent des filles à la plastique irréprochable (et Mary, la fille presque tout en plastique, dont l'épaisseur psychologique repose essentiellement sur la visibilité de ses seins) et même un handicapé en fauteuil roulant!


Pour accompagner le casting sur la voie de l'humour délirant, même les invités s'y sont mis. Après les basiques passages promotionnels inévitables de chanteurs plus ou moins prestigieux de passage au Montecito (c'est ainsi que Josh Duhamel rencontra sa fiancée Fergie des Black Eyed Peas), le casino a vu passer Sylvester Stallone transi d'amour pour Sarasvati, Michael Bublé qui décide de se mettre au mime, les ex-collègues de Magnum qui viennent rendre visite à Cooper (Tom Selleck) et même quelques Heroes, mais là, c'était dans Heroes, au détour d'un jeton de casino. Pour montrer encore un peu plus l'importance de la série pour NBC, il faut citer les cross-overs avec l'équipe de Preuve à l'appui, de grands moments de rigolade au cours desquels Jordan et ses amis délaissent les cadavres pour coucher avec Sam ou Danny. Et puis, il ne faut pas oublier que, dans le monde de Las Vegas, Jean-Claude Van Damme est mort.

La mort est d'ailleurs l'un des éléments importants de la série. Le dernier épisode le rappelle, même s'il ne devait pas vraiment être le dernier, en nous laissant croire quelques instants (le temps de faire chanter James Blunt, pourtant initialement venu pour plomber un mariage) que le patron en place, Cooper, est mort dans le crash de son avion. Les vrais fans ne pouvaient de toute façon pas s'y laisser prendre: cette mort est bien trop normale. Car ce qui a marqué définitivement le passage de Las Vegas dans le monde des séries qui n'ont rien à perdre et qui savent rire, c'est probablement la mort de la patronne Monica Mancuso (Lara Flynn Boyle!), dans la saison 3, qui s'envole bêtement, victime d'un coup de vent tandis qu'elle se promenait sur le toit, inconsciemment vêtue d'une robe. Un an plus tard, alors que le troisième ou quatrième degré est complètement assumé et intégré par le public, le nouveau boss (Dean Cain!) devait périr attaqué par un calmar géant.


Las Vegas se démarque aussi par son côté chic et cheap, marqué à l'écran par des effets spéciaux moisis et un licenciement par an. Nessa repart à Londres en cours de saison 3 et Mary emporte ses seins très loin au début de la saison 5, en même temps que l'emblématique Ed (James Caan), laissant un générique très très vide. Ce fut là, cependant, l'occasion d'exploiter un peu mieux la psychologie de Sam, de développer le personnage délirant de Polly complètement inexploitée jusque-là, puis, surtout, de reproduire exactement le même schéma narratif entre Cooper et Piper qu'entre Ed et Nessa (cette mystérieuse relation proche du père-fille), mais avec des acteurs moins chers!

Cette cinquième saison répétait allègrement des éléments déjà traités ici ou ailleurs -le dernier double épisode riche en hommes sexy torse nu ou de femmes nues mais floutées, en mort de patron, en star de la chanson, en trahison et en prise d'otages en est la preuve-, mais, avec la relation amoureuse entre Mike et Piper et surtout la grossesse de Delinda, donnaient encore envie de voir toute cette galerie de personnages improbables évoluer, et bien plus que lors des dimanches pluvieux.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Lilly-Fleur Pointeaux nue (n'est pas dans ce billet)

À lit ouvert

Le cadeau de Noël