Drame shakespearien

Alizée est de retour, c'est désormais officiel, bien plus que quand on savait que ça arriverait mais sans trop savoir quand. Entre-temps, la pauvre demoiselle a été victime d'une odieuse rumeur à propos d'une chanson méchante envers Mylène Farmer qui l'a pourtant sortie du caniveau. Une rumeur qui lui a fait tellement de peine qu'elle s'est empressée de la démentir sur son site officiel dès qu'elle a été relayée dans 50 Min inside. Quel dommage qu'elle n'ait pas regardé plus souvent la télévision la semaine précédente, elle aurait pu voir les bandes-annonces de l'émission et démentir AVANT, coupant ainsi l'herbe sous le pied de Nikos et Sandrine (étant entendu qu'il est absolument inconcevable qu'Alizée ait pu laisser TF1 parler d'elle, même pour donner de fausses informations au sein d'une émission inattaquable journalistiquement)!
Mais tout ça est bien loin, maintenant que son nouveau clip, Mademoiselle Juliette, le premier depuis trois ans et premier extrait de l'album Psychédélices, est diffusé sur toutes les chaînes et tous les sites musicaux. Un clip dont elle peut être fière, elle qui a fait à cette occasion la dernière page de Libération, qui truste quatre pages dans VSD pour un reportage intitulé Alizée au pays du Photoshop et qui, la semaine dernière, était toute émue de retrouver les plateaux télé, en l'occurrence celui du Grand Journal, pour lequel elle avait oublié de se changer en sortant du lit ou en revenant de son jogging pour garder la forme.


Il faut aussi reconnaître à Alizée le fait d'avoir su profiter des enseignements de Tatie Mymyl pour son nouveau titre, personne ne pouvant avoir l'outrecuidance de prétendre avoir compris le sens de Mademoiselle Juliette. Près de deux mois après, il en est à peu près de même du clip, une sorte de Boutonnat's touch mais sans Tonton Boubou. Heureusement, la pochette de l'opus a été dévoilée par la même occasion, laissant apparaître une Alizée gourmande et une Alizée en talons hauts, un bilan de la carrière passée de la lolita qui n'en est plus une, que poursuit, c'est l'évidence même, ce clip, qu'il faut d'abord regarder avant d'en parler.

Alizée - Mademoiselle Juliette
Réalisation: Julien Rotterman

Premier constat, il semble qu'Alizée SOIT cette mystérieuse Mademoiselle Juliette. Parmi les indices, on notera le fait qu'elle interprète ce rôle dans le clip, alors qu'elle aurait très bien pu faire appel à une illustre inconnue ou à Magalie Vaé. Mais non, c'est bien Alizée. On comprend cependant très vite que ce n'est pas simple d'être Alizée, ou Juliette, parce que la demoiselle, toute de rose vêtue ou presque, et alors qu'elle aimerait rester à sourire bêtement à son balcon est traînée par son Dark Side, toute de noire vêtue, avec un masque (fig.1). Pour qu'on soit bien certain que cette sombre personne est bien un double d'Alizée, et au cas où la coiffure ne suffirait pas, on constatera que les deux protagonistes portent la même Fée Clochette dessinée au Crayola dans le dos (fig.2).
À peine entrée, Alizée croise sur sa route un appétissant gâteau (fig.3), dans lequel elle se sent obligée de mettre un doigt, parce que c'est une grosse gourmande, c'était le titre de son premier album. Juste à côté du gâteau, on notera la présence d'une statuette de la Fée Clochette du Peter Pan de Disney. Ça n'a certes pas un rapport direct avec sa carrière, si ce n'est le surnom que certains fans lui donnent et le très discret tatouage qui orne la moitié de son dos en remerciements, mais autant citer tout de suite ce clin d'œil amusant à la pochette d'un artiste relativement méconnu, qui a la même dans sa cheminée (fig.4). Mais revenons-en à ce bilan de carrière. En moins de pas qu'il ne faut de mots pour l'écrire, Alizée se trouve face à son destin, croisant le pique-nique du (navrant) clip Gourmandises, une fille qui tient une guitare électrique (forcément une allusion à Mes courants électriques..., son deuxième album) puis deux filles qui prennent ensemble un bain de mousse, les premières paroles de J'en ai marre! (fig.5)


Naturellement, tout être humain normalement constitué voit ici aussi l'occasion de parler de Mylène Farmer et des filles qui se touchent dans Libertine. Et il aurait bien raison, car Mylène est partout présente. Ainsi, la maison de production du clip est Chainsaw, et qui dit Chainsaw dit The Texas Chainsaw Massacre, et qui dit The Texas Chainsaw Massacre dit Marcus Nispel, et qui dit Marcus Nispel dit clip moche de Mylène Farmer! Quant à cette Alizée partagée entre une mystérieuse femme et un jeune homme charmant, s'il ne s'agit pas d'une allusion à Mylène Farmer et à Jérémy Chatelain, qu'est-ce que c'est? Hein? Je vous le demande! Rien, nous sommes d'accord. Le choix des noms des personnages dans les paroles de la chanson confirme, de toute façon, si jamais vous aviez voulu pinailler. La Juliette hésite entre Montaigut avec un M comme Mylène et Capulet avec un C comme Châtelain. Si ça ne suffit pas, il est tellement tentant de décomposer Montaigut en "monte aigu" comme la voix de Mylène, et de rapprocher "Capulet" de copuler, comme le sexe avec Jérémy Chatelain!

Ces deux Alizées sont en parfaite opposition (notamment quand elles dansent sur des rythmes différents pendant le pont), et c'est pourquoi une question se pose: laquelle est la vraie Alizée? Doit-on comprendre que c'est la Alizée rose, juste parce qu'elle a une robe rayée noire alors que la Alizée noire a une robe noire sans rayures roses et que le modèle rose sans rayures noires existe, puisque les amies roses de la Alizée rose la portent? Mais pas du tout, voyons! La vraie Alizée, c'est la Alizée jaune (fig.6), celle qui n'est ni rose ni noire (puisqu'elle est jaune) et qui réunit à la fois les copines roses et les copines noires.

Il reste néanmoins une légère incertitude à l'issue du clip, qui rejoint par ailleurs le refrain de la chanson répété par la Alizée jaune, qui, rappelons-le, est ici la narratrice extérieure (d'où le fait qu'elle parle d'elle à la troisième personne):

Mademoiselle Juliette a
Pas vraiment la tête à
Choisir entre Montaigut, Capulet

Puisque le Roméo finit seul tout comme la Alizée noire (qui joue par ailleurs bien mal la solitude finale), où est passée la Alizée rose? Est-elle finalement la Alizée jaune, comme on peut le deviner sous cet horrible nœud et malgré l'argumentaire développé dix lignes et une photo plus haut?
Il n'y a qu'une hypothèse, et c'est bien malheureux: Alizée, n'importe laquelle, signifie ici à son mari qu'elle souhaite le plaquer, comme elle a plaqué Mylène, et qu'il devrait songer à engager un bon avocat pour espérer avoir la garde de Anny-Lee.
Jérémy, sois fort.