À minuit, j'étais dans mon lit

C'est à peu près l'heure à laquelle, hier soir, Daniel Bilalian est venu dire à la télé combien France Télévisions avait réalisé des jeux olympiques exceptionnels, aussitôt terminée la finale de la compétition de hockey sur glace, tandis que tous les commentateurs s'entassaient pour apparaître à l'écran comme pour faire une ultime photo de leur classe de neige avant de rentrer chez eux, me laissant désœuvré.

Pour la victoire
via Youtube

Et désœuvré, je l'ai aussi été ce soir.
Bien sûr que j'étais ravi de revoir En toutes lettres et N'oubliez pas les paroles!, mais, sans cet hymne de Roch Voisine qui venait répéter à peu près toutes les demi-heures «Oh oh oh oh pour la victoire», je me suis senti complètement perdu, ne sachant plus quoi regarder dans ma télé...
Bien sûr, avec la neige et le brouillard, on ne voyait pas grand chose sur les compétitions de ski des derniers jours. Bien sûr, les bobeurs se sont beaucoup vautrés sur la piste.
Bien sûr, Nathalie Simon a porté la poisse à toutes les plus grandes chances de victoire française en voulant soi-disant les encourager depuis chez eux.
Bien sûr, l'organisation vancouvéroise n'a pas toujours été parfaite, entre les secondes manches disputées le lendemain, des sauts qui ont lieu même par temps de grand vent, des biathlètes qui ne partent pas au bon moment et rendent la course illisible ou les snowboardeurs pas habitués à ces portes qui ne s'ouvrent que quand ils doivent partir pour être sûr qu'ils partent quand ils doivent partir.
Bien sûr, Nelson Monfort a voulu caser trop souvent les paroles de cette chanson de Julien Clerc, «il patinait, il patinait», tellement souvent qu'on en finissait par demander plus de blagues sur Ha-Ri Cho pour le faire taire.
Bien sûr, Jean-René Godart était aussi fatigant en bas d'une piste de ski qu'en commentant n'importe quelle étape du Tour de France quand il ne se passe rien et qu'on le laisse nous lire ses fiches géographiques.
Bien sûr, des compétitions de 50 km, c'est absolument inregardable dans son intégralité, de même qu'une compét' de curling, qu'on n'a de toute façon eu le droit de voir qu'avec des commentaires moqueurs dans les résumés quotidiens ou presque.
Bien sûr, j'ai pu constater l'évolution de mes goûts en revoyant Evan Lysacek tout en regrettant que Roddy Darragon soit passé à côté de ses jeux.
Mais surtout, avec la fin des JO, c'est aussi la fin des pérégrinations d'Antoine de Maximy sur place, des compétitions de biathlon et de combiné nordique terriblement stressantes quand l'un ou l'autre concurrent français rate une cible (et plus encore quand c'est un relais féminin qui passe d'un coup de la première à la neuvième place), de l'ultra-chauvinisme qui fait qu'on zappe complètement une compétition mineure si un Français en est éliminé ou qu'on oublie complètement les Français qui arriveraient même à la quatrième place dans leur discipline (sauf si c'est Vincent Vittoz, dont le nom a dû être cité un milliard de fois pendant toutes les compétitions de ski de fond auxquelles il participait), de ces finishes à la Jason Lamy-Chappuis commentés par un Patrick Montel déchaîné, de mes passages réguliers sur le site de Vancouver 2010 où il faut chaque fois choisir le français et s'interroger sur la syntaxe du slogan «Des plus brillants exploits», de l'unique occasion de voir du short-track ou du skeleton à la télé alors que c'est particulièrement impressionnant ou de ces sports où, selon les jours, les compétiteurs ont des skis ou un snowboard et qu'il faut se réjouir quand les autres tombent.
La fin des JO, c'est la fin d'une masse d'images si captivantes que j'en ai même oublié de regarder l'émission de TF1 sur le sexe chez les ados pourtant si prometteuse et que je n'ai pas pu me résoudre à regarder mes séries habituelles, me sentant presque coupable de délaisser trop longtemps la neige de Vancouver...
Qu'est-ce que je vais faire de mes vacances, maintenant?!