La fête du cinéma

Comme chaque année, le dernier week-end du mois de juin signifie fête du cinéma... Sauf que, voilà, je ne suis plus étudiant, moi! J'ai un travail, moi! Et je peux pas prendre de RTT, moi! Surtout que je suis réquisitionné pour surveiller le brevet, moi! Alors comment je fais pour voir plein de films pendant la fête du cinéma, moi?

Bah, en fait, c'est pas si compliqué que ça, j'en vois trois le dimanche, et un le lundi, décidant que le mardi, finalement, je me passerais bien de Zodiac. La question annuelle qui vous brûle les lèvres trouvera sa réponse dans dix lignes parce que l'intro est longue, puis un peu plus loin, le temps de vous dire à quel point cette Fête du cinéma fut une réussite, puisque, en utilisant un barème allant de zéro à quatre étoiles pour noter les films, elle obtient la note de 12 sur 16, ou encore, si on ramène la note sur 20 en utilisant toutes les vertus de la proportionnalité, et donc en multipliant par 20, puis en divisant par 16 (ou encore en multipliant par 20/16, ou encore, par les règles magiques de la simplification de fraction, qui ont là encore un lien avec Sainte Proportionnalité, par 5/4), une note de 15/20 (on constatera qu'il était également possible de remarquer que la note initiale, 12/16, pouvait être ramenée à 3/4, soit 15/20, ce qui, finalement, revenait à diviser même sans le vouloir par 4 avant de multiplier par 5, soit multiplier par 5/4, ce que nous avions déjà fait dans la première méthode).

Tout a commencé par une belle matinée de programmes jeunesse un beau dimanche ensoleillé, 10h passées, sans personne mais vraiment personne dans aucune des files d'attente de l'UGC Orléans, un peu comme d'habitude, en fait... Premier film, SteaK, de Quentin Dupieux... Autant le dire tout de suite, en allant voir SteaK, je m'étais préparé à voir une énorme daube. Il est vrai que, autant Eric et Ramzy peuvent être géniaux à la télé, autant, hormis leur film le plus personnel (La Tour Montparnasse infernale), le résultat à l'écran va du plus que moyen -ou moins que moyen, c'est selon (Les Dalton) au mauvais (Double Zéro). On peut aussi assez facilement trouver que le résumé du film par Allociné ("en 2016, la mode et les critères de beauté ont beaucoup changé; une nouvelle tendance fait rage chez les jeunes: le lifting du visage") donne assez peu envie d'y aller... Et ce serait dommage, parce que SteaK est un excellent film, d'abord parce que, pour la première fois de leur carrière cinématographique, Eric et Ramzy sont tombés sur un réalisateur qui les a empêchés de faire du Eric et Ramzy. Et donc, forcément, ils ne font pas du Eric et Ramzy, sauf peut-être Eric, un peu, au début, mais c'est probablement sa manière de jouer. Ramzy, lui, commence le film complètement absent, avant de se révéler complètement en allant chercher Eric à la sortie de l'asile où il a passé sept ans pour un meurtre que Ramzy a commis, dans un moment d'égarement, parce qu'il en avait marre d'être le souffre-douleur de sa fac... Sept ans plus tard, donc, on le retrouve alors qu'il tente d'intégrer un groupe trop cool, les Chivers, ce qui nécessite une légère retouche des pommettes. Sous ses bandages, Ramzy parvient à faire passer des choses avec son visage, ce qui est, et vous ne pourrez pas prétendre le contraire avec la tournure de phrase précédente, incroyable. Ensuite, sur l'heure vingt-deux qui suit, SteaK constitue un film étrange, pas à se tordre de rire, esthétiquement parfois proche des calendriers du CEA et ses paysages automnaux, dont on ne sait absolument pas où il va, mais qui y va parfaitement.
SteaK, de Quentin Dupieux, avec Eric Judor, Ramzy Bédia, Jonathan Lambert, récolte donc la note de 3 étoiles.

À peine sorti de la salle, il faut bien avouer qu'il y a foule pour voir Ocean's Treize: au moins dix personnes font la queue, c'est imposant, j'en ferais presque une attaque si j'étais agoraphobe. Quant au film à proprement parler, mes deux voisins ont beaucoup aimé... Moi, je ne sais pas, c'est un peu long, c'est trop sérieux, c'est en tout cas beaucoup moins fun que Ocean's eleven, ça semble être un mélange des deux autres, l'intrigue est très tarabiscotée... C'est sans doute mieux que le plus que moyen 12... Mmmm, laissez-moi juste le temps de manger mon Happy Meal Shrek 3 et faire quelques pas pour changer de cinéma, avant de vous donner mon opinion.

Ca y est, juste avant que Héros ne commence, la bande-annonce de Ocean's Treize passe. En fait, la bande-annonce suffisait, elle était bien plus courte, bien plus drôle, bien plus claire, tout en étant très complète. Par charité, et parce que l'image est quand même très léchée et le casting à la hauteur, Ocean's 13 de Steven Soderbergh, avec George Clooney, Brad Pitt, Matt Damon aura 2 étoiles, et revenons-en à Héros. Autant le dire tout de suite, en allant voir Héros, je m'étais préparé à voir une énorme daube. Il est vrai que, autant Michaël Youn peut être génial à la télé, autant, hormis son film le plus personnel (Les 11 Commandements... et Iznogoud, aussi, quand même!), le résultat à l'écran va du plus que moyen -ou moins que moyen, c'est selon (La Beuze) au mauvais (Incontrôlable). Ici, Michaël Youn fait du Michaël Youn, et c'est ce qui rend ce film si angoissant. Pi (comme 3,1416), le psychopathe humoriste incompris cantonné au chauffage de salles qui kidnappe son idole absolue, Clovis Costa, une sorte de Johnny Hallyday incarnée par Patrick Chesnais, se comporte parfois comme le Michaël Youn du Morning Live. Les trois premiers quarts d'heure du film sont prenants, et surprenants (ne serait-ce que par le format du film, un écran carré), avant un coup de mou assez violent les quarante minutes suivantes. Mais le dernier tiers est si haletant qu'il est vite oublié, et on ressort de la salle bouche bée... sauf si le générique live perturbe trop. Quand même, pour ne pas négliger quarante minutes trop longues, Héros de Bruno Merle, avec Michaël Youn, Patrick Chesnais, Jackie Berroyer, Raphaël Benayoun, Elodie Bouchez, se contentera de 3 étoiles.

Et, le lendemain, après ne finalement pas avoir été revoir SteaK et surveillé une épreuve d'histoire-géographie-éducation civique qui m'aura fait constater que j'avais oublié Hugues Capet (couronné roi en 987 à Senlis), arrive déjà ce qui s'avèrera être le dernier film de la troisaine (contre six films en 2006!): L'avocat de la terreur. L'avocat de la terreur est un film sur Jacques Vergès, avec Jacques Vergès qui, ça tombe bien, adore parler de lui, mais, aussi, adore garder le mystère autour de sa personne. Ce Rhum Raisin du barreau n'avoue donc pas devant la caméra de Barbet Schroeder où il a bien pu disparaître entre 1970 et 1978, abandonnant femme et enfants. Par contre, il rappelle avec assez peu de modestie, ses principaux faits d'armes en tant qu'avocat, et son talent à sauver de la mort les condamnés à mort. Un documentaire de 2h15 sur un être aussi baffable pourrait donc tenir du calvaire, et au lieu de ça, il est passionnant, de bout en bout. Notamment parce qu'il extrapole pas mal, et passe un long moment à évoquer les événements historiques attenants, l'indépendance de l'Algérie et la révolution iranienne en tête, à partir de laquelle on évoque les œuvres de Carlos, le terroriste, avec extraits de prises d'otages live, et interviews du bonhomme qui retient de Vergès qu'il a voulu sauter sa femme, ce que l'intéressé nie, puisqu'il n'a jamais rencontré Carlos (mais sa femme, oui). L'avocat de la terreur de Barbet Schroeder, avec Jacques Vergès, quelques terroristes plus ou moins repentis, quelques avocats et quelques journalistes, est un film dense sur une personnalité finalement très intéressante, et c'est pour ça que cette Fête du cinéma s'achève avec un film à 4 étoiles.
Ce qui, finalement, est mieux que les six films de 2006.



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