Le chah et les souris
La vie de princesse de contes de fée, c'est un peu comme dans un conte de fée. Ainsi, Cendrillon, après en avoir bien bavé avec Marâtre et ses deux soeurs si peu aimables, après avoir nettoyé, balayé, astiqué, elle avait décroché la queue du Mickey grâce à son 42 fillette qui la faisait, seule, entrer dans le soulier de verre trimbalé à travers le pays par le Prince au charisme si proche de celui d'une huître (l'huître ayant le dessus, évidemment). Et puis un jour, tout a changé, car Anastasie a tout compris et, pire, a kidnappé la baguette magique à Bibidi Bobidi Boo de Marraine La Bonne Fée, avant de la transmettre à Marraine Lady Tremaine qui s'est empressée de tout changer, et de remonter dans le temps... Et ce qui devait arriver arriva, la vie de Cendrillon vire au cauchemar alors que, d'un coup de baguette magique, Anastasie se découvre elle aussi et avant sa soeur le 42 fillette lui permettant de chausser la chaussure du Prince et hop! fiançailles, et hop! on perd pas de temps, mariage dans la foulée.
Seulement voilà, le Prince, dans la nuit, s'est acheté une personnalité, et comprend qu'Anastasie n'est pas Cendrillon, tandis que Cendrillon tente le tout pour le tout pour récupérer son Prince, avec l'aide de Gus-Gus et Jac-Jac, qui imite à perfection Madame la Marâtre, capillairement parlant. Le Sortilège de Cendrillon, puisque ce qui précède est bel et bien le scénario d'un vrai film, même si sa sortie est limitée au marché de la vidéo, est loin de son modèle original, en mal, mais aussi de sa suite Cendrillon 2, une vie de princesse (2002), en bien, quitte à rendre l'ensemble incohérent. Mais, si ce pas-tout-à-fait troisième épisode de la saga est loin d'être un ratage, supérieure à nombre de suites Disney tant au niveau scénaristique (il fallait l'oser, le retour dans le temps chez Cendrillon!) qu'au niveau de l'animation (même si les budgets serrés se ressentent sur le casting, resserré, puisque seuls deux oiseaux et deux souris aident Cendrillon dans sa récupération de l'héritage), ce serait excessif de lui accorder d'autre prétention qu'un divertissement pour enfants, et on peut espérer mieux d'Enchanted des mêmes studios mais en film, à Noël, dans le registre détournement des contes de fée...
Marjane Satrapi, elle, n'a pas eu besoin d'une fausse sœur et d'une marâtre pour que sa vie s'éloigne du conte de fée. C'est sa faute aussi, au lieu de simplement avoir la bonne pointure, elle est née en Iran et a grandi aux dernières heures du chah et aux premières de l'ayatollah Khomeiny. C'est ce qu'elle raconte, dans Persépolis, adaptée de son autobiographie dessinée du même nom doublement récompensée à Angoulême, et primée à Cannes cette année. Et ces bouleversements politiques prennent une toute autre dimension, à travers les yeux d'une petite fille de huit ans loin d'avoir la langue dans sa poche, qui se retrouve confrontée à un monde sans libertés, puis à la guerre contre le voisin irakien.
Cette chronique, succession de saynètes toutes en noir et blanc et au style proche de la bédé filmée (ou de la production des pays de l'Est), perd un peu de son originalité (et de son intérêt) quand Marji évoque ses premiers émois lors de son exil en Autriche, au milieu du film, mais l'évolution de cette jeune demoiselle un peu révolutionnaire, au moins dans sa tête, dans l'Iran des années 90 est tout simplement passionnante, instructive, intelligente, souvent drôle, même si l'accumulation rend le film très dense, entre les relations de famille, avec sa mère (Catherine Deneuve, Marji étant jouée par Chiara Mastroianni), son père ou sa grand-mère (Danielle Darrieux) ou les contradictions du régime islamique, l'histoire de Marji ou l'Histoire autour de Marji.
Et Cendrillon a beau se la jouer femme d'action, c'est Marjane la mieux!
Seulement voilà, le Prince, dans la nuit, s'est acheté une personnalité, et comprend qu'Anastasie n'est pas Cendrillon, tandis que Cendrillon tente le tout pour le tout pour récupérer son Prince, avec l'aide de Gus-Gus et Jac
Marjane Satrapi, elle, n'a pas eu besoin d'une fausse sœur et d'une marâtre pour que sa vie s'éloigne du conte de fée. C'est sa faute aussi, au lieu de simplement avoir la bonne pointure, elle est née en Iran et a grandi aux dernières heures du chah et aux premières de l'ayatollah Khomeiny. C'est ce qu'elle raconte, dans Persépolis, adaptée de son autobiographie dessinée du même nom doublement récompensée à Angoulême, et primée à Cannes cette année. Et ces bouleversements politiques prennent une toute autre dimension, à travers les yeux d'une petite fille de huit ans loin d'avoir la langue dans sa poche, qui se retrouve confrontée à un monde sans libertés, puis à la guerre contre le voisin irakien.
Cette chronique, succession de saynètes toutes en noir et blanc et au style proche de la bédé filmée (ou de la production des pays de l'Est), perd un peu de son originalité (et de son intérêt) quand Marji évoque ses premiers émois lors de son exil en Autriche, au milieu du film, mais l'évolution de cette jeune demoiselle un peu révolutionnaire, au moins dans sa tête, dans l'Iran des années 90 est tout simplement passionnante, instructive, intelligente, souvent drôle, même si l'accumulation rend le film très dense, entre les relations de famille, avec sa mère (Catherine Deneuve, Marji étant jouée par Chiara Mastroianni), son père ou sa grand-mère (Danielle Darrieux) ou les contradictions du régime islamique, l'histoire de Marji ou l'Histoire autour de Marji.
Et Cendrillon a beau se la jouer femme d'action, c'est Marjane la mieux!
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