C'est la lutte finale !

Parfois, on a l'impression que la vie suit son cours à peu près normalement et puis, à partir d'un événement vaguement inédit, les choses finissent par déraper...

C'est à peu près ce qui m'arrive ces temps-ci. 

Tout avait pourtant commencé très normalement. Un ministre de l'Éducation nationale avait annoncé une réforme sans réfléchir à son application ni s'interroger sur sa pertinence réelle en situation réelle, et encore moins en présentant des textes officiels de cadrage. Et, de façon à peu près aussi habituelle, je me suis retrouvé à faire grève une fois ou deux pour râler, pour la forme, tout en sachant bien que, de toute façon, à la fin, cette réforme sans texte finira par avoir un décret tout propre juste à temps pour être appliqué quatre mois plus tard.

Vraiment, tout ça ressemblait à une année normale depuis quelques années. Disons sept pour arrondir (mais en vrai de vrai, il faut bien reconnaître que c'est plutôt "un peu plus de sept").

Et puis, cette année, porté par une impression qu'on était un peu plus nombreux à être vraiment chonchon et à en parler, j'ai profité d'un jour de grève pour assister à une AG intersyndicale. Au milieu de 200 personnes (en comptant les gens en télé-grève), ça pouvait facilement passer inaperçu. Seulement voilà: c'est perturbant, d'assister à une AG. Un peu intimidant de voir des gens si déterminés quand on est soi-même là un peu par hasard. Gentiment désuet quand chaque nouvel interlocuteur ou nouvelle interlocutrice vient haranguer les foules à grands coups de "camarades". Étrangement foutraque quand on ne sait plus pourquoi on vote à la fin, à moins qu'on vote pour savoir si on doit voter, peut-être... Je n'ai rien fait d'autre que lever la main quand il fallait lever la main (je crois), certes parfois dans le champ de la webcam intersyndicale, mais tout aurait pu en rester là, chacun retrouvant sa vie normale. 

Seulement voilà: c'est perturbant, d'assister à une AG. Alors quitte à y avoir été, autant en retranscrire les discours auprès de mes collègues. Le doigt était dans l'engrenage, j'étais soudainement devenu visible. Et une autre AG a eu lieu, une manif devant le rectorat, et... J'y suis retourné. Et quand ce n'était pas prévu parce que à quoi bon, de toute façon, à la fin, cette réforme a son texte officiel à mettre en œuvre pour dans quatre mois, je recevais un message appuyant fort fort sur ma corde sensible. Si même moi j'y vais pas, qui va y aller?, qu'on m'a dit. Et pourtant, ohlala que c'était nul, ce rassemblement devant le rectorat avec presque plus de drapeaux que de gens pour les brandir...

Et voilà que de fil en aiguille, de pierre qui roule en mousse, je me suis retrouvé, sur le parking du collège, en pleine nuit à 21h30, à colorier des lettres sur une banderole à étendre devant le portail pour dire qu'on est pas contents. Foutu pour foutu, le lendemain, j'étais même devant ledit portail, presque en pleine nuit à 7h30, à lutter avec un rouleau de scotch pour coller ladite banderole devant ledit collège. 

Pour couronner le tout, la photo publiée sur le groupe WhatsApp (sur lequel je ne suis même pas!), c'est moi. Juste moi. La banderole, le rouleau de scotch et moi. 

On m'a même dit merci. 

Officiellement, aujourd'hui, on peut dire que ça m'a dépassé.

Heureusement que c'est les vacances d'Eurovision, il faut bien ça pour que ça se tasse et qu'on passe à autre chose...

 
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Commentaires

Nataka a dit…
C'est beau la lutte, camarade !

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