La guerre est déclarée

Parce que, oui, j'ai été voir La nouvelle guerre des boutons.
Je n'ai pas mis les pieds dans un cinéma pendant un mois et demi et le premier film que je vais voir, c'est La nouvelle guerre des boutons.
Sans avoir vu La guerre des boutons.
Madame UGC en était un peu embêtée, d'ailleurs, mais c'est prévu, éventuellement. Elle a fait la moue et c'est moi qui étais embêté... Alors, penaud, j'ai tenté de justifier mon choix, tout aussi injustifiable qu'il puisse paraître, mais bon, vous voyez, celui-là, il a été fait dans un endroit que je connais, alors voilà merci bonne journée.
Oui, je le promets: j'ai été voir La nouvelle guerre des boutons pour les paysages!
Je l'ai déjà dit, mes vacances estivales n'ont pas connu leur déroulement classique. Je ne veux surtout pas donner l'impression de m'apitoyer sur mon sort, mais si je m'étais rendu en Auvergne, à la période où je m'y rends habituellement (et par habituellement, j'entends tous les étés depuis vingt-sept ans, sauf une fois), j'aurais pu croiser Guillaume Canet, Marion Cotillard et Laetitia Casta. Je sais bien que Marion Cotillard ne joue pas du tout dans le film, mais les gens qui les ont vus l'ont rapporté ainsi à des gens que je connais, grâce auxquels ça m'a finalement été rapporté. Alors, à défaut d'avoir fait la brocante de Blesle et de croiser par hasard des stars du cinéma mondialement connues dans l'ancien restaurant de l'acteur anciennement connu pour son rôle d'instit à moto (les gens qui ont vu n'ont jamais prétendu que ces deux événements auraient pu se dérouler le même jour, mais je brode autant qu'eux), j'ai passé une partie du film à me dire: «oh, ça, c'est Lavoûte-Chilhac, c'est sûr» lors d'une sortie de classe au bord de l'eau ou encore «mais on dirait Massiac, la ville des meilleures brioches aux pralines du monde, au moins!» pendant l'assaut nocturne des Longeverne à Velrans, qui se conclut par la cuite du Petit Gibus.
Veuillez m'excuser, j'ai oublié de prévenir que j'allais spoiler.
Et puis, surtout, préparé psychologiquement que j'étais, après des semaines à m'entendre dire «la maison de Kad Merad est au Poux» avec une petite fierté familiale, j'ai regardé la maison de Kad Merad, pour constater que, vraiment, je n'ai jamais mis les pieds au Poux, ce qui n'est pas étonnant vu que je ne suis même pas certain que ce soit un hameau habité de Saint-Poncy. Je connais Alleret, Rochefort, Arches parce que j'y fais des promenades, mais Le Poux, non.
Je me souviens avoir été à Laveissière, une fois, pour en repartir avec la certitude qu'on ne peut pas avoir plus de vingt chats dans une maison, mais ce n'était pas assez pour reconnaître un lieu de tournage...
Et puis bon, clairement, ce billet devient un peu trop détaillé, donc un peu trop pénible à lire. Retenez simplement, pour briller en société, que La nouvelle guerre des boutons a été partiellement tournée à Saint-Poncy.
Et retenez aussi que c'est à peu près la seule raison pour aller le voir...
À moins d'aimer les enfants qui commencent leurs phrases par si j'aurais su (mais en trouvant toujours autre chose à dire après que j'aurais pas venu).
De ne pas se poser de questions en voyant, dans la classe de Guillaume Canet, que TOUS les garçons du village ont l'air d'avoir le même âge (environ douze ans), sauf Petit Gibus, qui doit en avoir huit, et Lebrac, qui en fait vingt-trois, soit autant que son rival d'en face, L'Aztec, qui en plus, fait tout sauf Auvergnat.
De ne pas se poser de questions non plus quand les Longeverne se cachent à vingt, trente, plus!?, dans la forêt pour voler les boutons des Velrans, mais qu'ils sont trois, quatre, cinq, six, le reste du temps.
D'être nostalgique de ces films, comme on n'en fait plus, dans lesquels on utilise un ralenti quand le héros (Guillaume Canet, qui n'est pourtant pas un enfant) regarde celle qu'il aime (Laetitia Casta, qui n'est pas davantage une enfant, mais, du coup, heureusement) passer en vélo sans le voir.
D'apprécier les films avec des gentils qui sont gentils même quand on croit qu'ils sont un peu rudes et des méchants qui sont vraiment méchants, mais quand même pas trop méchants, surtout pas avec des Nazis ou, pire, des collabos dans le coin.
D'apprécier cette sensation de se faire tirer les larmes à coups de violon et de situations tragiques artificielles, comme si deux enfants lisaient la lettre de leur père envoyé au STO et que cette dernière brûlait à cause de méchants garçons.
Ou, plus globalement, à moins d'avoir envie d'aller voir un film dans lequel la guerre des boutons du titre fait l'objet d'une seule séquence (sans même jamais justifier sa nouveauté, d'ailleurs), avant de s'embourber dans un film sur la guerre bancal, prisonnier de son manichéisme, dans lequel chaque décision du scénario entraîne forcément la déception du spectateur.
C'est dommage, parce que c'était partiellement tourné à Saint-Poncy.
Commentaires
J'étais plutôt optimiste à l'idée de voir ces deux guerres, c'est fini c'est fini, merci bien !
Belle prose de fin, au passage, cher ami !