
Dimanche soir, en répondant
Le Journal de Mickey à ma télé, alors que Julien Lepers venait juste de parler, en pleine zone des quatre points, d'un magazine créé par Paul Winkler en 1934, j'ai réalisé que j'étais en train de regarder
Questions pour un super champion et que cette fois, c'était bien fini! Et cette sensation n'a fait que se confirmer lorsque j'ai houspillé des candidats prétendument super mais néanmoins incapables de citer Sylvie Vartan à la simple évocation de
Panne d'essence: ce soir-là, pour la première fois depuis des semaines, je ne regardais pas
Stade 2.
Depuis trois semaines, en fait.
C'est que, voyez-vous, cette année, le Tour de France a été passionnant!

Lorsqu'il a commencé, le mois dernier, je craignais un peu de passer des heures devant ma télé, pour assister en première semaine à une succession d'échappées rattrapées à dix kilomètres de l'arrivée avant une victoire de Mark Cavendish, qui pleurerait pendant une interview de Gérard Holtz, avec lequel une relation particulière semblerait s'installer au point qu'il l'appellerait simplement
Gérard. Puis à des étapes de montagne sans attaque des leaders, vaguement pénibles à regarder jusqu'à la dernière où, enfin, le favori se montrerait, lui permettant de gagner face à son dauphin avec une avance d'une minute au classement général.
Si, ce sont des choses qui arrivent. C'est clairement ce que j'ai ressenti en 2010.


Mais finalement, il y a eu des chutes (beaucoup), Alberto Contador était en retard dès la première étape, le poussant à attaquer à Mûr-de-Bretagne et, si le fait d'avoir trouvé une côte en Bretagne ne suffisait pas, il y a eu aussi l'arrivée à Lisieux, et finalement, autre chose à voir que des sprints massifs tous les jours. Une voiture a envoyé, par ricochet, un cycliste dans les barbelés, Thomas Voeckler a décroché le maillot jaune à Saint-Flour et Thierry Adam un début d'attaque cardiaque. La première d'une longue, d'une interminable série.

Sans doute que les étapes pyrénéennes auraient été moins passionnantes si Voeckler n'avait pas su résister aux attaques d'Andy Schleck dans le plateau de Beille, et de quelle façon! Et de quelle façon il a su se dépasser, encore, aidé par Pierre Rolland, toujours là, en arrivant dans les Alpes, pour garder ce maillot jaune le plus longtemps possible.
Et comme Andy Schleck a été impressionnant, pourtant, en attaquant à deux cols de l'arrivée au Galibier, suivi par une escorte conduite par un Cadel Evans imperturbable.
Et comme Alberto Contador a été surprenant, en attaquant le lendemain presque au début de l'étape, poussant Voeckler dans ses derniers retranchements, tandis que Pierre Rolland se révélait en remportant la victoire à l'Alpe d'Huez.

Et comme Cadel Evans a été stupéfiant, le lendemain, regagnant tout le temps perdu, et en gagnant bien plus que nécessaire, dans un contre-la-montre exemplaire, tant pis s'il fait un vainqueur un peu triste parce qu'il n'a jamais attaqué (mais qu'il a toujours été juste derrière).
Et comme Mark Cavendish et les HTC ont été exemplaires, dans leur travail d'équipe pour passer les Champs en premier, en écrasant la concurrence et remporter enfin un maillot vert!

Comme tous les ans, je suis finalement incapable de citer les noms de tous les vainqueurs d'étape, je commence déjà à en confondre certains et, quand on reparlera du Tour de France l'été prochain, j'aurai probablement oublié, malheureusement, les folles échappées de Jérémy Roy dans les Pyrénées ou la simple existence de Samuel Sanchez alors qu'il a fini avec le maillot à pois et qu'il le méritait, mais c'était un vrai Grand Tour de France, avec des drames, des chutes, des victoires, des désillusions, des attaques, des stratégies, des erreurs. Et même Tina Arena pour chanter sur les Champs!
Autant dire que je n'ai pas regretté de ne pas être sorti de chez moi, ou si peu, pour suivre la course et écouter Laurent Jalabert dire le contraire de Thierry Adam, puis Thierry Adam dire le contraire de Thierry Adam à son tour.
Autant dire, surtout, que j'ai adoré vivre le départ de la dernière étape dans ma ville, repoussant pour cela des vacances auvergnates qui ne devaient finalement jamais avoir lieu, réduisant du même coup ma consommation de brioches aux pralines, pour voir Mark Cavendish en vrai, crier au passage de Thomas Voeckler devant moi, frapper les ballons Festina de la caravane l'un contre l'autre pour faire du bruit -à défaut d'avoir eu un clap Banette- avec une casquette Belin (comme les crackers Belin) sur la tête pour éviter de prendre un coup de soleil à force d'attendre trois heures en plein soleil pour un instant qui ne dure finalement que trop peu de temps.
Commentaires
Mais bon, d'ici à ce que ça arrive...
J'imagine que, dans les "petites" courses, c'est différent.
Sinon, ça fait bien longtemps que je n'ai pas été voir passer le Tour, donc je ne me rappelle pas bien, sinon qu'on attend effectivement longtemps pour voir pas grand chose. Sur le circuit de Plouay, ils passent aussi très vite, parce que ce n'est pas une promenade de santé, le truc c'est de se placer dans les cotes, il y en a deux énormes, là on les vois bien venir et on a le temps de les voir passer. Si on est motivé, on peut aussi faire le tour du circuit pendant la course. Je l'ai fait deux fois, une sous une pluie torrentielle, l'autre en plein cagnard. Quatorze kilomètres. Sans ça, on vient en bande, on se trouve un petit coin peinard et on profite de l'ambiance. L'intérêt, c'est que si on suit toute la course, on voit l'évolution, de tour en tour.
Je n'ai jamais eu l'occasion de voir le Tour sur une montée, donc, effectivement, mes souvenirs de bord de route sont davantage liés à la caravane, à l'ambiance générale, qu'à la course elle-même. C'est ce qu'il me reste à faire, mais les cotes attirent le monde, non? J'aurais un peu peur, je crois.
Et comment fait-on le tour d'un circuit en même temps que les cyclistes? Tu ne les vois pas plus souvent que si tu ne changeais pas de place, si?
On fait le tour dans le sens inverse de la course, en marchant derrière les barrières de sécurité bien sûr, et très logiquement, on voit les coureurs exactement le même nombre de fois que si on ne bougeait pas. Mais on les voit à différents endroits du circuit. Et on fait de l'exercice. Les côtes attirent du monde, mais les abords du circuit sont conçus pour accueillir tout ce monde, on n'a encore jamais manqué de place. Sauf que bien sûr, tout le monde ne peut pas être au premier rang. Mais si on craint la foule, mieux vaut rester devant sa télé.
Cela dit, peut-être qu'assister à un départ, c'est mieux qu'assister à une arrivée.