Un peu de culture pour regretter de ne pas passer son samedi soir à Saint-Amand-Montrond (3)


La semaine dernière, les « vedettes de la télé » se produisaient ainsi devant la foule (répartie jusque dans les arbres) de Saint-Flour, sous-préfecture du Cantal, dotée d'une cathédrale avec un Christ noir et d'un passage du Tour de France lors de l'étape Brioude-Aurillac du 12 juillet dernier. Mais pas exactement à 21h30, parce qu'il faut bien rentabiliser une tournée gratuite. La soirée commence un peu avant, quand un charmant jeune homme décide de braver la foule, avec sur la tête une casquette Millionnaire, et dans les bras une sacoche pleine de cartes à gratter qui le rend désirable aux yeux de tout le public majeur, qui comprend finalement qu'elle n'aura pas la possibilité de gagner ce soir un million d'euros avec un vrai ticket du jeu, mais pourra quand même gagner des cadeaux. Pendant ce temps, au premier rang, les mineures crient. « C'est Jérém', c'est Jérém' qui va tout déchirer ». « C'est Quentin, c'est Quentin qui passe sur NRJ ». À 21h, les choses semblent s'accélerer alors que la sono crache les meilleurs titres de 2007 (Garçon de Koxie, De temps en temps de Grégory Lemarchal ou Love today de Mika, so rétro!), mais ce n'est rien à côté de la voix mystérieuse qui prend la parole à 21h30 pour annoncer Bertrand Sire.

Le public, aussitôt, comprend que Bertrand Sire n'est pas « le » Bertrand que tout le monde attend
Les premières notes de 7 Nation Army résonnent, puis Quentin entre en scène, très largement acclamé, et égal à lui-même dans l'interprétation (et le look, puisqu'il porte une chaussure noire et une chaussure blanche). La ferveur du public est égale lors du deuxième couplet, qui marque l'entrée en scène de Jérémy, dont la mission est visiblement de chauffer le public en le faisant sauter et chanter (ou brailler), là où ont lamentablement échoué DJ Touguesh et une partie de Millionnaire. Quelques instruments (deux guitares, un synthé et une batterie) ont beau occuper une partie de la scène, c'est un DJ qui se charge de lancer la musique et c'est Quentin et Jérémy qui lancent Bertrand, le vrai cette fois-ci, celui qu'on croise parfois dans les trains Paris/Clermont-Ferrand, et qui chante Ta douleur de Camille tel qu'il l'aurait chanté sur un prime, comme après un petit blédo. Curieusement, ça passe nettement mieux en live. Suivent Claire-Marie et Pierre pour interpréter, ni bien ni mal, Dès qu'j'te vois de Vanessa Paradis avec une chorégraphie digne d'un niveau CM2 des cours de Kamel Ouali mais qui laisse penser que ces deux-là s'aiment bien bien. Mathieu le traître qui enregistre des disques avec Shéryfa Luna n'est pas là, sans même un mot d'excuse de ses parents, ce qui ne permettra malheureusement pas de savoir s'il a le même œil du bœuf en vrai qu'à la télé ou s'il a un vrai talent, mais tant pis.
Le spectacle se poursuit à un rythme effréné, où chacun lance un chacun autre du groupe, pour tenter sa chance sur scène sur un titre relativement à la mode. On entendra au cours de la soirée Jérémy interpréter On s'attache, Quentin prouver son statut de vainqueur sur Double je, Pierre seul au monde sur Ding ding dong des Rita Mitsouko dont il semble être le seul au monde à avoir été convaincu par Flavie Flament que ça avait effectivement été un tube de cette année, Claire-Marie fredonner 1 2 3 4 de Feist et Bertrand prouver que son monde n'est pas le nôtre et s'est arrêté à Superstition de Stevie Wonder. La petite équipe semble s'entendre à merveille, et personne ne rechigne à faire les chœurs pour les potes (en en profitant pour faire parfois un peu les cons au fond quand le thème s'y prête) mais il faut avouer qu'à ce petit jeu du karaoké, tout le monde ne s'en sort pas de la même façon. Quentin fait du Quentin, au meilleur sens du terme, et survole ses chansons, tandis que Claire-Marie (qui n'a de toute façon que deux chansons) reste plus transparente, alors même qu'elle a droit à l'un des plus beaux titres, Petite fable d'Olivia Ruiz, accompagnée de Bertrand et Pierre.

C'est justement Pierre la plus grande surprise du show, et c'est en partie sur ses épaules de recalé sauvé que porte l'ensemble (Raphie avait donc raison, que son nom soit sanctifié). Lui qui survole Beautiful de Christina Aguilera et offre un Hallelujah très honnête (mais aussi très dans la mouvance actuelle) ainsi qu'un Lilly du même acabit, qui n'est pourtant applaudi que lorsque Jérémy prend sa suite. Car il faut bien l'admettre, quand bien même Bertrand, Claire-Marie ou Pierre y mettraient toute leur âme, les vraies vedettes du concert sont bien Quentin et Jérémy, pour parler des filles du public et les faire crier. Et c'est Jérémy qui mène à lui seul le (très sympathique) battle de l'équipe, en volant le chapeau de Bertrand. Et c'est Jérémy qui vient faire un petit son de batterie pour souligner les blagues navrantes de Quentin et Bertrand qui est «flour de nous» (qui constitue l'une des très rares utilisations des instruments, finalement) avant de parler tripoux et d'enchaîner très logiquement sur What a wonderful world. Et c'est Jérémy et Pierre qui, comme dans les meilleurs concerts de Dorothée, partagent le public en deux pour savoir chez qui on crie le plus fort (bizarrement, c'est d'ailleurs chez Pierre). Et c'est Jérémy qui s'occupe de motiver le public extrêmement mou face à eux...

Un public si mou que quand, déjà, le concert s'achève (après moins d'une heure et demie et sans même avoir chanté Bangla Desh, ni même Paris Latino ou L'orange), les applaudissements se font très rares, comme pendant l'essentiel du spectacle. Et pourtant, ils sont loin d'avoir démérités, et ils donnent vraiment envie d'y retourner. Quitte à devoir supporter, encore, Bertrand Sire, qui ne manque pas de nous faire un dernier coucou avant de partir pour présenter les artistes, faire que les confettis explosent sur le public comme dans un vrai prime et laisser le soin à Quentin d'une ultime blague.
Commentaires
Quant au blogueur (bien) caché sur la photo, il faudrait être fou pour le chercher.