Vivement les vacances, vivement l'insouciance

Cette période de l'année est peut-être la pire qui soit. Il commence à faire horriblement chaud et on sent que les grandes vacances ne sont plus bien loin. Et, en conséquence directe, plus personne ne veut travailler. Même moi, qui répète pourtant inlassablement aux élèves qui osent dédaigneusement demander «mais à quoi ça sert de venir encore?» depuis une semaine que si, si, il faut venir même après les conseils de classe parce que je n'ai pas fini le programme et que tout ce que je dis est forcément hyper important et que non, on ne vient pas au collège juste pour les notes mais pour apprendre des tas de choses intéressantes sur des sujets vers lesquels on n'aurait pas forcément été entre deux tomes de Naruto, comme les multiplications d'un nombre entier par un quotient, les cylindres, le cosinus voire les tangentes, au sujet desquelles il va carrément me falloir bosser puisque je n'en ai jamais vraiment parlé jusque-là dans ma carrière. Moi, donc, je n'ai absolument pas pu travailler de toute l'après-midi. Alors, les aimables jeunes gens en face de moi, qui croient encore, parce qu'ils sont naïfs, qu'ils peuvent très bien vivre sans rien savoir des tangentes, pensez donc, ils sont déjà un peu partis. Notez qu'il est toutefois préférable qu'ils restent tranquillou chez eux plutôt que de venir en retard de dix minutes juste pour se balancer sur leur chaise, prendre quelques nouvelles, me narguer puis finalement se faire virer parce que bon, hé, ho, y en a qui bossent. Six, mais y en a...

Bref, ils ont explosé leurs repères temporels et se laissent nettement porter en attendant leur emploi du temps en septembre. C'est un fait, on n'y peut rien, mais c'est quand même agaçant, parce qu'ils pourraient faire un effort pour ne pas arriver au compte-gouttes à la séance des Beaux gosses, qu'ils ont peut-être décidé d'aller voir au dernier moment au lieu de réviser leur brevet, mais mince, quoi! Ce qui les a privés, en plus, d'un plan introductif labial digne du clip You are my high, mais avec les boutons d'acné en gros plan en sus... Au moins, ils sont tous arrivés à temps pour prendre conscience grâce à Emmanuelle Devos, qui est assez excellente en principale pète-sec, que le brevet, qu'on considère comme la fin de quelque chose, est en fait avant tout le début d'une nouvelle ère, ce que je caserai probablement demain à mes troisièmes qui viennent s'entraîner afin d'avoir une mention très bien et 800€ (qu'ils n'envisagent même pas de partager avec moi, qui leur ai pourtant tant appris et qui n'ai pas eu la moindre prime pour ce résultat il y a onze ans).

Justement, mes troisièmes ne ressemblent vraiment pas à ces beaux gosses, ni à aucun de la plupart des élèves du film. Physiquement, en tout cas. Parce que Riad Sattouf a choisi des très très moches, mais tellement que ça n'en est plus crédible. Il y a quand même aussi des ados beaux, et même des à peu près normaux, qui sont d'ailleurs le plus grand nombre. Mais on va dire que les petits boutons, les points noirs, la moustache mal rasée pour les garçons, ça passe juste mal sur un grand écran, et que mes ados moyens seraient moches en si grand. Par contre, quand bien même je n'ai jamais entendu aucun élève parler de sexe dans ma classe, encore moins échanger sur les techniques de roulage de pelle, mais je ne peux pas tout voir ni tout entendre, je veux bien croire qu'ils ont eux aussi des préoccupations majoritairement sexuelles. Je refuse juste d'y penser et préfère m'étonner sur l'utilisation systématique de la chaussette lors de la masturbation (et encore moins avec un camarade sur le même lit que moi, je n'avais malheureusement pas les bons amis à l'époque), un accessoire que je n'ai absolument jamais utilisé (et rien que l'idée m'écœure) malgré ma très grande pratique de la chose.

Quant au film en lui-même, il est drôle, oui, un peu, grâce à Vincent Lacoste qui assume tout, à sa mère dépressive et à quelques situations et répliques. Mais il n'est pas très drôle, et c'est un peu dommage.

Commentaires

Rhum Raisin a dit…
Ah, enfin!
(Je ne lis pas tout de suite, hein, je repasserai.)
Jeanne ou Serge a dit…
Oui, enfin! Mais ça vaut le coup de lire jusqu'au bout, rien que pour la chaussette! Quand je pense aux odeurs des chaussettes de "mes" ados, rien que l'idée m'écoeure aussi!
Jeanne ou Serge a dit…
Oups j'oubliais, quelle subtilité ce titre de post, qui place "au passage", pour tester les vrais fans (!), des paroles d'une chanson-culte de la non moins culte Dorothée!
Monty a dit…
J'ignorais aussi cette pratique. Et on doit obligatoirement utiliser une chaussette sale ?
Pierre a dit…
Il semble possible d'utiliser une chaussette propre, mais il est visiblement plus simple d'utiliser la chaussette qu'on a au pied, ou qui traîne pas loin du lit. On peut aussi demander à un camarade, si on est partageur.
Funben a dit…
ca fait du bien d'avoir un nouveau post à lire. Ca faisait longtemps!!! Pour la chaussette, jamais entendu parler non plus...
Monty a dit…
Si on a un camarade partageur à proximité pourquoi utiliser une chaussette ? Ou alors il faut jouer à deux aux chaussettes marionnettes !
Anonyme a dit…
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