Schtroumpfs à la une

Lalala schtroumpf lala
Schtroumpfe un air joyeux
Lalala schtroumpf lala
Tout ira bien mieux !

Si vous en doutiez, l'anthologie musicale de l’œuvre des Schtroumpfs n'est pas encore tout à fait terminée en ces pages. Et cependant, ce n'est pas de cela qu'il est ici question. Ni de mon absence inexpliquée, qui le sera peut-être, ou pas, puisqu'on sait très bien que, entre une envie d'écrire et l'écriture effective, il y a un pas à franchir. Non, il est bel et bien question de Schtroumpfs. Car, non content d'avoir été les vedettes hebdomadaires de ce blogue en juillet (et encore un peu dans le futur, donc), les lutins du Pays Maudit se retrouvent également vedettes d'un film de cinéma, mais aussi objets d'une exposition, certes au milieu de toutes les autres créations de Peyo, mais avec une place prépondérante malgré tout, puisque, de toute façon, fût-ce par la force des choses, ils ont eu une place prépondérante dans l’œuvre de Peyo, voire écrasante.

Viens au pays des Schtroumpfs
Ces petits êtres bleus...

Néanmoins, les dizaines de planches exposées pour quelques jours encore à la galerie Artcurial, sur les Champs-Élysées, rappellent à quel point les planches que Peyo fit dans les années 1950, pour Johan et Pirlouit, sa première série à succès et sa préférée, étaient techniquement parfaites avec une lisibilité incroyable. Ou encore que ses histoires de Poussy sont des trésors méconnus de simplicité qui mériteraient amplement que les Éditions Dupuis, qui font ça si bien, consacrent une intégrale à cet animal comme les autres. L'exposition permet également de découvrir son travail réalisé autour du scoutisme, à ses débuts puis pour des calendriers dans les années 60, poussant un magazine d'alors à oser le parallèle avec Hergé. Parallèle qui n'est, logiquement, pas dans l'expo, mais qui n'aurait pourtant pas été si bête. Comme Hergé a redessiné ses premiers Tintin pour les faire passer de volumineux albums en noir et blanc aux standards en couleurs, Peyo a dû retravailler sur ses premiers Schtroumpfs, initialement parus en mini-récits à fabriquer et complètement refondus pour devenir de «grands» albums. Et ça, l'expo a la bonne idée de le montrer, en proposant côte à côte quelques versions alternatives.

Mais surtout, comme Hergé, Peyo s'est entouré de nombreux collaborateurs pour réussir à combiner ses personnages et leur exploitation commerciale. Et ça, l'expo a la curieuse idée de ne pas tellement le mentionner, et ce sera mon principal regret à son égard. S'il est noté que Will a collaboré aux décors aux débuts de Benoît Brisefer et qu'il a également illustré les premières aventures de Jacky et Célestin que Peyo scénarisait, il est plus que regrettable que le nom de Walthéry ne soit jamais mis en valeur, alors que certaines planches exposées sont visiblement de lui à 100%. Dans une autre salle, on évoque Gos parlant de Franquin, ou Roger Leloup sorti de chez Hergé, mais Wasterlain, Derib, Blesteau, De Gieter sont peu ou pas du tout présents...
Mais ce n'est qu'un détail, après tout, car l'essentiel, ce sont les planches. Et puis, comment pourrait-on en vouloir à une expo qui rappelle que Dorothée a chanté pour les Schtroumpfs et vendu un million de 45T?

Lalala schtroumpf lala
Viens schtroumpfer en cœur
Lalala schtroumpf lala
Ça t'port'ra bonheur !

D'ailleurs, comment pourrait-on en vouloir à un film qui, au détour d'une de ses répliques, n'hésite pas à mettre les pieds dans le plat et d'oser l'affirmer: cet air (Schtroumpf La La) est un peu agaçant!
Et en plus de ça, il reste horriblement en tête.

Et, croyez-le ou non, mais ce n'est pas la seule qualité des Schtroumpfs en 3D, même vus en 2D le jour de la sortie dans une salle absolument pleine de tas d'enfants. Ah, oui, je le reconnais, j'ai eu peur. En voyant ces Schtroumpfs beaucoup trop réalistes, à mille lieues du dessin de Peyo, et même pas capable de laver leurs vêtements à la javel pour retrouver un blanc immaculé. Et ce village avec ces petites maisons en forme de champignons, là encore beaucoup trop crédibles et donc pas du tout «magiques». Et, parlant de magie, cette espèce de mur invisible que les cigognes traversent pour accéder au Pays Maudit et qui le rend introuvable pour le commun des Mortels... Ou cette manie qu'a Gargamel d'utiliser sa baguette magique à tout va, plutôt que de faire des potions! Et puis ces répliques où on remplace des gros mots par le mot schtroumpf ou un dérivé, pour dire «Attention à mes schtroumpfougnettes» ou «Parle à mon schtroumpf», alors qu'on ne parle jamais le schtroumpf par ailleurs. Était-ce vraiment pire que ce Schtroumpf qui demande si on l'a pris pour un bleu ou cette blague d'un Schtroumpf à un autre: qu'est-ce qu'on obtient quand on croise une vache et un Schtroumpf?

Je sais, dit comme ça, ça semble faire beaucoup. Mais finalement, tout ça se passe au début du film et il faut savoir aller au-delà!
... Même si, arrivés dans le monde moderne, les Schtroumpfs en profitent pour faire une promotion peu discrète du Blu-Ray (ha ha) ou du Blue Man Group (ha ha), de Google, de Wikipédia, des produits high-tech de chez Sony (c'est un film Sony Pictures Animation mais c'est sûrement une coïncidence), de Hello Kitty et des M&M's en passant dans un magasin de jouets, des drones télécommandés ou encore de Guitar Hero, même si ce dernier cas s'accompagne d'une ritournelle hautement sympathique mêlant rock et Schtroumpf la la.

La la lalalala
La la la lala

Je sais, dit comme ça, ça semble faire beaucoup.
Mais il faut toujours se méfier des films avec des acteurs de séries télé (et ici, il y en a: de How I met your mother, de Modern Family, de Glee, des Simpson...), non?
Et je n'ai pas parlé des gags avec les méchants auxquels on pique les fesses ou qu'on envoie dans les poubelles, comme dans Maman, j'ai raté l'avion!, parce que ce serait oublier que c'est un film pour les enfants. Et du coup, puisque c'est un film pour les enfants, on oubliera de chercher un message sur le métier de publicitaire, dont on oublie trop souvent que ce sont des gens qui nous vendent du rêve.
Voilà, on oubliera.

Mais, à force de voir le mal partout, on peut aussi apprécier l'existence du Schtroumpf narrateur. Ou même souligner le fait que les scénaristes n'ont pas oublié que c'est Gargamel, le créateur de la Schtroumpfette. Ça permet de compenser (un peu) le fait que les six Schtroumpfs propulsés au XXIe siècle sont le Grand Schtroumpf, la Schtroumpfette, le Schtroumpf à lunettes, le Schtroumpf grognon, le Schtroumpf maladroit et... le Schtroumpf Écossais téméraire! Et puis, pouvait-on s'attendre à trouver, au détour de l'intrigue, une encyclopédie schtroumpf illustrée en français dans le texte par Peyo, dont le nom est cité plusieurs fois? Alors, certes, on n'est pas dans la même fidélité par rapport à l’œuvre que dans Le Chat du rabbin ou Titeuf, le film, mais, finalement, par rapport à L'élève Ducobu...

Enfin, surtout, malgré tous ses défauts, Les Schtroumpfs en 3D est porté par un Neil Patrick Harris exemplaire avec tous ses partenaires, humains ET schtroumpfs, qu'il semble vraiment s'amuser et que cela se voit (particulièrement dans la séquence finale du film). Et que le film a su exploiter parfaitement le potentiel des caractères des Schtroumpfs mis en scène, des classiques et «faciles» Schtroumpfs grognon et à lunettes (dont le doublage par Lorànt Deutsch est évident!) aux Shtroumpfs maladroit, Grand et -ette, qui, l'un après l'autre, se révèlent touchants et apportent une vraie émotion dans le récit. Alors, oui, peut-être faut-il être conciliant, mais il est vraiment possible d'oublier progressivement les défauts du film et cette vanne désolante du bleu d'Auvergne, au fil de ses bonnes surprises. Au point que, vraiment, quand arrive le générique, on peut sérieusement avoir envie de voir une suite (car suite ce film appelait, avant même de savoir que suite il y aurait).

Commentaires

Nataka a dit…
Un film sur les schtroumpfs sans le schtroumpf gourmand et ses tartes à la salsepareille ni le schtroumpf farceur et ses cadeaux qui explosent, pour moi ça ne vaut pas le coup. Donc je ne l'ai pas vu. Donc je ne sais pas ce qu'on obtient quand on croise une vache et un schtroumpf. A moins que la réponse soit aussi dans le billet, et que ce soit du bleu d'Auvergne ?
cecilette a dit…
Moi aussi j'aimerai bien savoir ce qu'on obtient qd on croise une vache et un schtroumpf !
Pierre a dit…
Hé bien oui, c'est du bleu d'Auvergne!
C'est drôle, hein?

Nataka, je crois me souvenir qu'il y a un paquet explosif du Schtroumpf farceur, dans la (courte) partie dans le village au début du film. Mais c'est vrai que, avec seulement cinq Schtroumpfs (et un Écossais), on passe à côté de quelques personnages. J'imagine qu'on les verra davantage dans le deuxième volet, qui risque, du coup, de vouloir trop en montrer pour faire dans la surenchère.
En tout cas, dans la filmographie de Raja Gosnell, j'affirme que Scooby-Doo est largement supérieur à Scooby-Doo 2 (qui ne vaut pas grand chose).
Nataka a dit…
Arrête, arrête, tous ces chefs-d'oeuvre classiques que je n'ai pas vus, ça me fait honte.

La blague du bleu d'Auvergne est très drôle. Elle est même hilarante comparée à, disons, une blague carambar.

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