À cause de la neige


Rohff n'a vendu que 27 500 exemplaires de son dernier album et c'est officiellement à cause de la neige. Sachez-le, c'est donc à cause de la neige qu'il n'y aura pas de billet pour fêter le sixième anniversaire de ce blogue avec des mirlitons et des images de David Tournay nu. Et c'est aussi à cause de la neige que vous n'aurez pas de photo de Bercy sous la neige pour illustrer ce qui suit alors que, je vous l'assure, ça aurait été fort joli car Bercy sous la neige, c'est joli.

Croyez bien, d'ailleurs, que j'ai réellement songé à utiliser mon portable, dans sa fonction appareil photo, pour garder un souvenir de ce bâtiment couvert de neige et sous la neige, avec des gens glissant sur l'une de ses faces ou se lançant des boules de neige. D'autant que, soyons clair, c'est bien la seule illustration qui aurait pu exister pour ce billet, qui va donc être un pavé plein de mots, avec des paragraphes de temps en temps, quand même. Mais samedi, quand je suis arrivé devant Bercy, il neigeait.
Ah, j'aime la neige!
J'ai réalisé à chaque chute de neige de ce mois-ci que je n'arrivais pas à ne pas sourire bêtement quand je marche sous la neige. Mais samedi, je ne marchais pas, alors, au bout de deux minutes, j'ai arrêté de sourire bêtement, surtout qu'il y avait des gens autour. Quoique, en fait, ils ne l'auraient pas forcément vu, puisque, étant donné que je devais stationner sous la neige, j'avais une capuche sur la tête et une écharpe autour du cou, remontée jusque sur mon nez, qui est pratique pour ça. Et heureusement puisque j'avais de la musique dans les oreilles et qu'il aurait été regrettable que tous ces gens autour de moi (qui n'étaient pas hyper nombreux, il faut être réaliste, mais qui étaient plusieurs) me jettent des cailloux pour se moquer de moi parce que je playbacke en écoutant de la musique.
Ce qui, au bout d'une demi-heure sous un arbre sous la neige, finit par être lassant aussi.
Alors j'ai passé la demi-heure suivante sans la musique, en écoutant vaguement ce que disaient mes voisins, dont certains avaient des têtes pas complètement inconnues. Les trois devant moi, qui étaient initialement derrière moi mais ont su profiter habilement d'un virage, ne faisaient pas partie de la catégorie précitée, mais ils avaient l'air drôles, alors je les ai écoutés et même souri ostensiblement à leurs réflexions. Ils avaient l'air transis de froid, aussi... L'un d'entre eux, le pauvre, n'avait pas été très prévoyant et portait à peine une bête écharpe, qui ne l'empêchait pas, oh non!, de grelotter terriblement, même lorsqu'il se calait sous un parapluie voisin, regrettant de n'avoir personne pour le prendre dans ses bras... Il était Belge, il avait 23 ans, il était mignon, oh oui...
Ah...
Mais je m'égare.
Ils avaient l'air transis de froid, aussi, ce qui contribuait à les rendre naturellement sympathiques, bien qu'osant les blagues sur La Maritza et Auschwitz. Ça et le fait que, sur les trois, il y ait un seul fan de Dorothée ayant emmené ses deux amis à un concert.
Car c'est là la raison pour laquelle moi aussi, je me suis retrouvé à attendre plus d'une heure sous la neige devant Bercy. Et je fus finalement tout aussi soulagé qu'eux quand les premiers spectateurs entrèrent enfin, parce que je commençais à avoir froid moi-même. C'est sans doute parce que j'avais oublié de remonter la fermeture éclair de mon sweat, ai-je présumé en entrant dans Bercy. En tout cas, je n'ai pas regretté d'avoir gardé les mains bien dans mes poches, quitte à ne pas avoir de souvenir de Bercy sous la neige.

En revanche, à ce moment-là, je me suis demandé si c'était vraiment une bonne idée d'avoir choisi la fosse, alors que je repartais du stand merchandising avec un sac contenant une affiche, un vinyle et un programme. J'ai rejoint mes voisins de queue, face au milieu de la scène et, au lieu de réussir à leur parler et, qui sait, tisser un début de relation, j'ai noué mon manteau humide autour de ma taille comme quand j'avais huit ans et constaté, effaré, que les gradins étaient loin et, surtout, qu'ils ne se remplissaient pas vite, ce qui avait au moins l'avantage très pratique de faciliter les recherches du type «Mais où est Machin? Et Bidule? Oh, et là, c'est Truc!». Pas loin, une fille était sur les épaules d'un de ses amis, criait, hurlait, puis criait sur les gens qui ne voulaient pas crier et hurler pour mettre de l'ambiance, qui, finalement, n'est jamais venue.

Puis la lumière s'est éteinte et, d'un coup, l'ambiance est venue, impressionnante.
Des Windo's sont venus sur la scène, dans la pénombre, Jacky était dans la salle et le spectacle a commencé, avec des génériques de Club Dorothée, avant que la star de la soirée arrive sur Ça donne envie de chanter (aka C'est bon de revenir).
Le moment de faire un point +/-.

+:
Mais comment ai-je pu oser penser que la fosse était une mauvaise idée? Bien sûr, j'ai ce sac autour du poignet, mon manteau autour de ma taille, mais je la vois, elle est là, tout près, elle est belle, elle est contente, elle est dynamique, elle est souriante.

-:
Je ne sais pas si c'est complètement vrai, mais la fosse de Bercy, fut-elle coupée en deux (et généreusement coupée, même), ça fait la taille de tout l'Olympia. Alors les gens sur les côtés, dans les gradins, qu'est-ce qu'ils sont loin! Et comme les gens dans la fosse sont pour moitié occupés à filmer un spectacle pourtant diffusé simultanément à la télévision, il faut reconnaître que l'ambiance a un peu de mal à monter... C'est donc en me sentant presque investi d'une mission que j'ai chanté avec entrain La fête au village quand les Musclés sont arrivés. Je n'ai pas pu le faire pour La Musclada, mais essentiellement parce que je ne connais pas La Musclada.

De toute façon, au moment des Musclés, les gens avaient l'air contents.
Alors que, juste après, quand Minet a chanté Tourterelle avec Dorothée, les gens avaient l'air de s'en foutre.
Enfin, les gens, Tourterelle, quoi!! Dorothée chante Tourterelle en concert en 2010, bordel, ça mériterait un wouaiiiiiiih intergalactique!
Mais non.
Au contraire, même, puisque j'ai pu distinctement entendre les paroles, ce qui fut finalement bien rare pendant la soirée, les gens devaient clairement attendre la suite...

Je les comprends: la suite, c'était Minet. Minet chante Bioman, je passe à la télé, Minet chante Juliette je t'aime et, surtout, Minet chante Les chevaliers du Zodiaque, le public est en transe. Moi aussi, ça se voit à la télé, tant pis si c'est régressif et que c'est mal d'associer ça à Dorothée (surtout juste après Tourterelle... ah, quand même, tudieu!, Tourterelle).
Et puis, cerise sur le gâteau, voilà Ariane qui chante Dragon Ball Z (zède zède zède), visiblement ravie d'être là, à un point qui fait plaisir. Surtout que, à ce moment précis, tout le monde pensait qu'on allait entendre Nicky Larson.
Il est dommage, d'ailleurs, que ça ne se fit pas juste après et que Dorothée se sente obligée de caser On a toujours besoin, juste pour que Jean-Paul Césari case son solo d'harmonica... C'est vrai, on ne l'avait plus entendue depuis longtemps, mais, finalement, elle aurait casé là ses génériques à elle, voire Au pays de Candy si vraiment elle insiste, ça aurait été d'une logique implacable. Et moins redondant s'il fallait vraiment entendre Le collège des cœurs brisés presque aussitôt après. Les premiers effets de la fatigue se font sans doute sentir, Dorothée parle du temps des premiers baisers et je crois qu'Emmanuelle va débarquer (ha ha ha), alors qu'elle n'annonce que Christophe Rippert, que je n'entends pas chanter, entre les choristes et les je t'aime hurlés par quelques fans dans la salle. Puis, après une chanson en anglais dont je n'ai rien retenu, il conclut sa prestation par un «I'm back» et là, je ris nerveusement. Ma voisine de droite a un regard réprobateur. Je me tournerai donc à gauche dans la demi-heure suivante pour commenter, histoire de faire passer le temps pendant le medley de Sébastien Roch, qui est certes très très beau, même mieux qu'à l'époque, mais n'a pas choisi les chansons les plus adéquates pour conquérir Bercy (bien que m'ayant donné envie d'écouter son disque, ce que je n'ai, je vous rassure, pas fait depuis), puis le tunnel de chansons d'Hélène, qui aurait pu chanter n'importe quoi, tant la salle hurlait son nom, mais qui a surtout trop chanté, en tenant désespérément son micro à deux mains, puis en se figeant complètement au moment de sa chanson inédite d'il y a cinq ans. Entre temps, les «ça va!» de Salut, ça va? se sont montrés redoutablement efficaces dans la salle, au point que personne n'a noté les énormes sourcils au-dessus des yeux d'Hélène. On crie «Je t'aime Hélène» (alors qu'on n'a pas montré d'entrain particulier jusque-là, au contraire). Pire! Des spectateurs profitent du Miracle de l'amour ou de Pour l'amour d'un garçon pour faire des cœurs avec leurs mains. Ces gens-là méritent la mort.

Tout le monde revient, Ariane et Rémy partagent le même micro et c'est trop mignon, c'est l'entracte, les gens se tassent, se déplacent, s'éloignent, c'est la deuxième partie, des bouts de chanson retentissent, sans que je sois capable de les identifier formellement tant je n'entends rien, Dorothée sort de derrière un rideau naze et chante Dorothée, puis l'ambiance atteint son paroxysme grâce au combo Tremblement de terre-Docteur, qui met le feu jusque dans les gradins, éclairés pour l'occasion. Je n'ai déjà plus de voix, mais voilà Pour faire une chanson (Pour faire une chanson, quoi! En entier!). Je crois bêtement qu'arrivent Les chansons du passé, mais non, ce sont les génériques du passé, illustrés d'atroces animations au laser vert, ce machin résolument démesuré qui rend à lui seul le spectacle intransportable en province, puis Dorothée commet l'irréparable en osant évoquer son dessin animé préféré avant de chanter Les petits Ewoks comme si elle n'avait jamais regardé ne serait-ce que le clip sur fond vert qui illustrait la chanson... Il y a alors Qu'il est bête et les mêmes blagues désolantes de Jacky qu'à l'Olympia, alors que j'ai dit non (et je ne suis pas le seul dans la fosse, même si je n'ai pas de noms), ce billet commence à être très long, je n'ai plus de voix, il est déjà presque minuit samedi soir, Dorothée parle des neiges de l'Himalaya mais chante La valise 2010, qui me permet de me reposer avant Corbier, son Nez de Dorothée et une chanson qui, contrairement à toute l'œuvre inédite de Sébastien R. ou Christophe R., parvient à passionner l'auditoire (alors que c'était fort long), voire à le faire rire aux moments opportuns, les danseurs se montrent utiles sur Hou la menteuse et rendent le tableau sympathique (alors que Hou la menteuse, quoi...), le public chante par cœur Nicolas et Marjolaine et c'est bien puis j'atteins l'extase absolue avec Les Neiges de l'Himalaya, qui est, sachez-le, l'une des meilleures chansons de l'Histoire de l'Humanité, on s'approche de la fin, du concert comme de ce billet, tout le monde revient sur scène pour Tant qu'on a des amis (Tant qu'on a des amis, quoi!), Hélène est acclamée encore et Jean-Paul Césari fait n'importe quoi avec son harmonica, il y a Folle de vous, c'est bien, c'est long, c'est applaudi, Dorothée sort de scène, revient, ressort, revient, Gérard Salesses joue du piano, Dorothée sort, revient, ressort puis tout s'arrête, la lumière de la salle s'allume quand celle de la scène s'éteint, laissant largement voir ce qui s'y passe encore, à savoir l'une des Sophie faisant au revoir de la main pour faire comprendre à ceux qui doutent ou qui espèrent -je suis de ceux-là- que non, c'est bien fini, il faut rentrer, il est minuit vingt, vous n'allez plus avoir de métro, allez, au revoir, c'était vachement bien et c'est tout aussi abruptement que je conclus ce billet bien trop long.

Commentaires

Nataka a dit…
Ce qui m'étonne le plus, c'est de connaître plus d'une personne ayant assisté à ces concerts.
Pour moi, trop de nostalgie tue la nostalgie, et je ne préfère laisser mes beaux souvenirs d'enfance reposer en paix.
Pierre a dit…
On était quand même assez nombreux dans ce Bercy, finalement, ce n'est donc pas si étonnant. Où se situait cette personne (ces personnes?) et quel fut son (leur) verdict?
Quant à mes souvenirs d'enfance, j'ai aussi tendance à les laisser en paix et, même si le récital était très tourné vers le passé, c'est bien Dorothée 2010 que j'allais voir. Même si, forcément, quelque part, Dorothée 2010 évoque les souvenirs d'enfance.

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