Le laborieux destin de Bazil

Il y a quelques questions essentielles et tellement vraies qui sont posées dans Micmacs à tire-larigot, comme pourquoi dit-on CIA et jamais CIA alors qu'on dit FBI et jamais FBI (oui, bon, à l'écrit, ça semble un peu confus), mais il en manque une: pourquoi ce film? C'est la question que je me suis posée, en tout cas, au bout d'une heure sans avoir la moindre idée de ce que Jean-Pierre Jeunet voulait me montrer.

A priori, Micmacs à tire-larigot est encore un peu pareil que ses précédents films. André Dussolier est toujours là. Pas Audrey Tautou, certes, mais le jaune, si. Et il y a Dany Boon, ce qui est finalement une très bonne chose. On n'en est pas certain, au début, surtout parce qu'il n'est pas là et qu'on assiste à une suite de séquences sans fil conducteur très net sur la vie d'un petit garçon, dont le père démineur explose quand une mine en fait autant devant lui. Petit garçon qui devient Dany Boon, cinq minutes et trente ans plus tard, ce qui nous amène en 2009. Car, sous ses airs de film intemporel (et jaune), Micmacs à tire-larigot devrait vieillir bien plus vite que Le fabuleux destin d'Amélie Poulain ou Un long dimanche de fiançailles. On y aperçoit la tour de TF1, Notre Président Sarkozy pose pour la photo, on poste une vidéo sur Youtube mais, déjà has-been, Thierry Roland et Jean-Michel Larqué y commentent du foot (comme dans Delphine: 1 - Yvan: 0), Christine Kelly y travaille pour LCI et des gens s'arrachent des maillots de Thierry Henry sans savoir que c'est le plus grand tricheur de notre époque. Du moins, je crois, puisque je n'ai pas vraiment compris ce que venaient faire les maillots de foot dans l'histoire, de Thierry Henry ou de qui que ce soit.

Mais ce n'est pas le seul détail, donc, puisque, comme je le disais un paragraphe et deux sauts de ligne plus haut, je n'ai pas vraiment saisi le but du film... Jean-Pierre Jeunet donne un peu l'impression de se faire plaisir, d'empiler des séquences absolument fabuleuses d'inventivité dignes de lui (incluant une explosion, deux ou trois intrusions, une scène de baiser, un hommage au cinéma chaplinien, un voyage dans la tête du héros), en glissant quelques grivoiseries, en recyclant la musique de Delicatessen ou un personnage principal grand enfant qui mange de La Vache qui rit à même la portion en récitant des répliques de film par cœur et avec tout Dragon Ball Z à côté de sa télé, mais sans rien autour, ou si peu... De quoi donner l'envie, au bout d'une heure, de regarder sa montre, pour savoir depuis combien de temps on est là. Pas qu'on s'ennuie, non. Juste qu'on veut vérifier qu'on commence effectivement à se rapprocher de la fin du film et qu'on est un peu embêté, avec le prix des places et la crise qui nous tuera tous, si les Mayas nous ratent. On trouve que c'est un peu curieux, ces histoires d'arsenaux d'Aubervilliers, que cette balle dans la tête aurait pu être autre chose, qu'on aimerait bien, plutôt, voir les personnages de tire-larigot, qui sont tous épatants (Omar Sy, Julie Ferrier, Marie-Julie Baup...). Après, on les voit un peu plus, puis, heureusement, le but du film est enfin clair et même les moins vifs comprennent que Jean-Pierre Jeunet lance un pavé dans la mare, en affirmant que les gens qui vendent des armes (Nicolas Marié est fabuleux, à ce moment-là) sont tous des pas beaux.
Et c'est tout.
Ce qui aurait mérité, clairement, un film beaucoup beaucoup plus abouti ou au moins allant au bout de son délire.

Commentaires

Anonyme a dit…
beaucoup appris
cecilette a dit…
J'te rejoins dans cette critique !

finalement c'est curieux mais on aime, c'est ça hein ?

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