L'amour est un oiseau rebelle

J'en suis bien conscient: ces derniers temps, ce blogue manque cruellement de culture. Et si ce blogue en manque, c'est que moi aussi, j'en manque, car ce blogue est un peu le miroir de mon âme. C'est probablement pour cette raison que, hier soir, j'ai fait partie des douze personnes qui ont regardé France 3, pour vivre Rigoletto en direct live décalé de quinze minutes, en même temps que les téléspectateurs de 148 pays et dans les lieux et temps réels de l'intrigue! Si ça, c'est pas de l'événement, tudieu!


C'était l'occasion rêvée, l'argument parfait pour me lancer enfin dans l'opéra et suivre les aventures de Rigoletto et sa fille cachée amoureuse d'un homme parfait qu'elle ignore être le duc de Mantoue (le charmant Monsieur en photo juste au-dessus) duquel son père est justement le bouffon bossu. Des conditions optimales pour me permettre de découvrir cette œuvre qui, le saviez-vous?, adapte du Victor Hugo, impliquant donc qu'elle lui est postérieure (ou au moins contemporaine).

Évidemment, je l'ignorais moi-même, mais c'est écrit en haut de la page Wikipédia de Rigoletto, sur laquelle j'ai dû aller pour comprendre le contenu du premier acte et pourquoi les courtisans voulaient enlever la fille de Rigoletto même en croyant qu'il s'agissait de sa maîtresse. Ce serait facile pour moi de rejeter la faute sur les gens chargés des sous-titres qui ont estimé plus amusant d'attendre trois minutes avant de les lancer, alors que le duc de Mantoue drague allégrement une notable au vu et au su de son mari et que Rigoletto se moque gratuitement du pauvre homme, le tout en italien dans le texte.
Oh oui, ce serait simple et gratifiant, parce que je serais dédouané, puisque j'ai fait allemand LV2 et jamais d'italien...

Mais non, le problème n'est pas que Rigoletto et ses amis parlent en italien.
Non, le problème est que Rigoletto et ses amis chantent.
Tout le temps.

Alors, oui, vous allez me dire que c'est un peu le principe de l'opéra: les gens chantent.
Oui-da!
Sauf que les gens chantent en traînant beaucoup trop les syllabes, ce qui rend le sous-titrage particulièrement compliqué à suivre quand on ne traîne pas ses syllabes en lisant. Je ne sais pas s'il faut y voir un lien, mais toujours est-il que Rigoletto estime nécessaire de répéter plusieurs fois la même information, au cas où on n'ait pas saisi la première fois. Oh, et puis ces adieux...
Parbleu, Rigoletto, quand tu dis au revoir à ta fille pendant cinq minutes, ne reviens pas avant même d'avoir franchi la porte! Tu dis au revoir, tu te casses! Si encore tu savais qu'elle allait se faire enlever et qu'elle risquait de passer les prochaines années séquestrées dans une cave, mais pas du tout!

Non, soyons réalistes, il a fallu que je me répète que j'assistais à une prouesse télévisuelle sans aucun câble apparent quand les gens se déplacent dans des couloirs ni aucun micro (alors que, quand même, il faut bien des micros, non?!).
Et puis la musique était bien, aussi... Et quand tout le monde chante en même temps, ah!, c'est beau!


Enfin, ce midi, une fois passée la BOF du jambon d'Aoste (et dire que ma sœur prétendait que c'était la musique des pubs Herta, n'imp!), j'ai été un peu moins emballé. Le deuxième acte est un peu trop larmoyant, entre Rigoletto qui se lance dans une complainte pathétique pour revoir sa fille auprès de ses ravisseurs (ce qui permet au moins de voir un peu Marullo à l'écran, parce qu'il est plutôt pas mal, même s'il est un peu méchant), puis la fille de Rigoletto qui veut s'excuser d'être tombée amoureuse au lieu de prier et enfin Rigoletto qui répète qu'il va se venger.
Du duc, il va se venger.
Là, même en lisant le résumé de Wikipédia, je n'ai pas bien compris pourquoi.

Mais qu'importe, maintenant, je veux savoir: est-ce que l'amour du Duc et de la fille de Rigoletto va éclater au grand jour? le Duc sera-t-il obligé de disparaître de l'écran au bout de cinq minutes pour s'éponger le front? les méchants courtisans seront-ils démasqués? Marullo tombera-t-il la veste et la chemise? les mouches de cette après-midi auront-elles été se coucher? et Rigoletto va-t-il commettre l'irréparable au cœur de la nuit mantouane en assassinant son patron et l'amour idéal de sa fille?
Et surtout, saurai-je répondre à ces questions sans même vérifier sur Wikipédia?

Commentaires

Nataka a dit…
C'est beau, la culture. Pour ma part, j'ai vu environ 10 minutes de Rigoletto hier soir avant de décider que j'étais fatiguée, et d'aller me coucher. Pourtant j'aime bien l'opéra, et surtout Verdi. Mais surtout la Traviata, en fait. Parce que je connais bien les airs de Rigoletto, Aïda ou Nabucco, mais pas du tout les histoires et j'aurais du mal à suivre le film.
Même si le duc de Mantoue est joli.
Pierre a dit…
Je soupçonne le duc de faire un truc à ses sourcils, tout de même. Et puis surtout, et c'est le plus problématique, il sue vite et postillonne allégrement.
Je ne connaissais pas du tout les airs de Rigoletto et ne savais pas que les deux que je connaissais étaient de Rigoletto, alors évidemment, je ne connaissais pas du tout l'histoire. Ce qui m'a permis d'être surpris en voyant l'acte trois, qui n'a pas été dans la direction que j'imaginais (mais tant mieux). Reste que, si ce troisième acte était forcément le mieux, il devait perdre beaucoup sans avoir vu les deux autres et tu as donc bien fait d'aller te coucher.

Posts les plus consultés de ce blog

Lilly-Fleur Pointeaux nue (n'est pas dans ce billet)

À lit ouvert

The boys from Ipanema