Évidemment...
48 chansons.
C'est beaucoup. Vraiment BEAUCOUP.
Plus que n'importe quel concours Eurovision de la chanson.
48 chansons, c'était la promesse du programme de la comédie musicale Al Capone. Je parle au passé, puisque cette comédie musicale événementielle a malheureusement baissé le rideau très en avance. Je ne peux pas ne pas me sentir un peu coupable, j'ai moi-même attendu d'avoir des invitations pour y aller. Ma passion pour les comédies musicales sentait qu'il y avait potentiellement un hic avec celle-ci.
Et en effet.
C'est pas que c'était totalement nul, mais c'était quand même vraiment pas bien.
Déjà: 48 chansons. QUARANTE-HUIT.
Certes, ce ne sont pas tout à fait quarante-huit chansons égales. La plupart durent moins d'une minute, voire une poignée de secondes, le temps pour un personnage de dire une banalité en conclusion de phrase. D'une phrase parlée. Al Capone (ou Jean-Félix Lalanne) n'a pas su choisir entre une comédie musicale intégralement chantée (ma phobie) et une comédie musicale où les gens parlent et puis, bim, on fait péter la musique. Le public peut donc voir Roberto Alagna jouer sa partition (en parlant) puis, d'un coup, se mettre à fredonner un petit air plus ou moins quelconque pour aller au bout de sa pensée. La première fois, ça désarçonne un peu. La douzième fois, ça finit par faire un peu rigoler nerveusement.
D'autant que, et c'est tout de même un problème pour une comédie musicale, les "vraies" chansons ne sont pas terriblement efficaces. En dehors de trop rares numéros d'ensemble (la chanson des putes ou la chanson des comptables - ce ne sont pas les titres exacts), les chansons sonnent daté. On a l'impression que chaque personnage principal (Al Capone, sa meuf et son rival, interprétés par Roberto Alagna, Bruno Pelletier et Anggun, mais pas dans cet ordre) doit avoir son moment. Son titre fait pour passer à la radio. Mais une radio qui émettrait en 1998 max, et qui diffuserait de la variété française hypeeeeer classique, avec un couplet, un refrain, un autre couplet, le refrain qui revient, un pont, encore le refrain, voire encore un pour la route... Et là, pour le coup, on sort du cadre de la chanson de comédie musicale qui fait avancer l'intrigue. En tout cas, sachez-le, j'ai cru mourir pendant la chanson de Bruno Pelletier.
Mais l'intrigue, justement, parlons-en!
Quand on imagine une histoire autour d'Al Capone, on imagine que l'alcool va couler à flots, ou que ça va tirer à balles réelles. Attention spoiler (...): oui, il y a une fusillade dans l'avant-dernière séquence de la pièce. Mais de l'alcool, en revanche, pas tant que ça. Car le véritable argument d'Al Capone, c'est une histoire d'amour impossible. Celle du grand rival d'Al et de sa sœur, les Roméo et Juliette des années 30 à Chicago. Quand on prend conscience de ça, croyez-moi, ça désarçonne pas mal aussi. Maiiiiiis... Pourquoi pas?! Après tout, on est là alors qu'on a même pas payé, laissons une chance à l'Amour... et oublions que cette histoire n'a absolument jamais existé dans la vraie vie. Hé, si Jean-Félix a ressenti le besoin de tordre la vérité, c'est qu'il avait vraiment un truc fort à raconter!
On voit donc Anggun se languir de ne pas être aimée comme elle le devrait par son Al(agna) de keum, tandis que lui ne pense qu'à veiller sur sa sœur parce que chez les Italiens, la famille, c'est important. Pendant que, au détour d'une filature, l'amour est né sous les étoiles du bar d'Anggun entre ladite sœur et l'incorruptible Elliott Ness. La tension est à son climax quand vient la Saint-Valentin. Al va-t-il choisir entre rejoindre Anggun en nuisette sur son lit ou passer la soirée à attendre sur les docks avec tous ses gars embusqués (option 2, avec coups de mitraillette à la fin)? Et comment va-t-il réagir quand il va découvrir l'abominable vérité sur le crush de sa sœur? On connaît l'histoire, ça va mal finir. Avec tous ces pistolets, quelqu'un va y passer.
Spoiler: non.
La sœur d'Al vient râler et décide de reprendre sa liberté, laissant Al et Ness seuls sur les docks, les yeux dans l'eau. Rideau. Fin. Rappel. Chanson qui nous apprend que, même si des fois on se chamaille pour une histoire de détournement de fonds, de trafics ou un détail, ça ne nous empêche pas de rester les meilleurs amis ennemis au fil de la mélodie. Re-fin finale.
Le Parisien a évoqué quelques aménagements à la pièce, avant qu'elle ne soit malheureusement annulée faute de public (et officiellement pour des désaccords artistiques). J'aurais presque été curieux de voir Al Capone 2.0, où on aurait tranché dans le vif, rajouté des chansons à Anggun, arrêté de mettre Roberto Alagna en duo avec d'autres gens (qu'il écrase de sa voix de toute façon) et où on aurait, allez!, casé au moins un petit charleston pour le principe, pour respecter le cliché des années 30.
Peut-être qu'il aurait fallu même un Al Capone 3.0, parce qu'il y avait de quoi faire.
Tant pis.
Cette annulation aura au moins permis à Anggun d'avoir un peu de temps libre. Ce qui veut dire que, peut-être, probablement, mardi soir, elle sera hyper au point pour commenter la première demi-finale de l'Eurovision. En tout cas, nettement plus que moi. À J-2, j'en suis seulement à écouter les extraits des chansons en compétition... Évidemment, il y avait des vacances, mais voilà, au lieu de tout écouter dans les mêmes détails que les années passées, j'ai visité Charleroi, été (re)voir Les producteurs et tenté de préparer un cadeau pour le troisième trentième anniversaire de ma sœur (ce n'est pas une réussite jusque-là). Évidemment, il faut se rendre à l'évidence: les vacances sont désormais terminées (à un jour férié près), la vie devra reprendre son chemin, et je dois vraiment me bouger pour finir ce cadeau... Évidemment, il me faut l'annoncer solennellement: je serai incapable d'écouter proprement les 37 chansons.
TRENTE-SEPT CHANSONS!
Commentaires
Ça ne se commenté pas de façon humoristique ni un minimum approfondie en trois ou quatre jours, en revanche, certes. Tu vas être frais comme une salade grecque pour les demi-finales.
(Et sinon, comment ça va, depuis le temps?)
Sinon, plutôt bien gloralement. Et toi ?
Quant au désastre d'Al Capone, peut-être aurait-il fallu qu'Anggun fredonne un petit "Echo (You and I)" à l'entracte pour améliorer ta soirée.
Bonne semaine d'Eurovision à vous deux !
Nataka, je dois dire que mes voyages avec Air France se comptent sur les doigts d'une main, donc je ne connais pas la perte du bagage. Je compatis. Je crois que ça fait partie de tous les trucs qui font que je ne veux pas prendre l'avion. Et puis, je me suis habitué à voyager près (mais je ne sais pas qui est la cause et la conséquence entre le non-voyage en avion et les voyages pas plus loin que Charleroi). En tout cas, ma foi, ça va pas mal.
Une prochaine fois j'irai en Belgique aussi, c'est aussi très joli et le voyage est plus reposant.
En tout cas, tu as mal écrit Suède dans ton énumération. On sait que tout se joue avec la Suède (et elle passe demain).