Le monde d'après

Cette fois, c'est officiel! Avec le retour du mois de mai, on peut se projeter, penser à l'après, rêver à ces cinémas qui rouvriront bientôt, à ces restaurants où l'on pourra remanger, à ces concerts où l'on pourra chanter et transpirer, à ces jours où, simplement, on pourra de nouveau sortir de chez soi sans s'en soucier. Alors peut-être pourra-t-on oublier les masques, les cours à la maison ou même cette toux qui est revenue encore et encore au cours pendant plus d'un mois mois, avec la fièvre, puis des sensations bizarres dans la poitrine, puis une fatigue inattendue, comme si la deuxième vague devait être plus forte que la première, mais devait forcément être suivie d'une troisième vague. Et puis quoi, alors, une quatrième vague, peut-être?!

Ah, pardon, on me signale à l'instant que nous ne sommes plus en 2020.

Fichtre, où donc est passée cette année?!

La bonne nouvelle, au moins, c'est qu'on est toujours vivant, toujours la banane, toujours debout, et que, même si l'endroit a un peu pris la poussière, on peut bien le dire: c'est bon de revenir, là dans son blogue. Comme quoi, tout est différent et pourtant pareil. Et au moins, cette année, il y a l'Eurovision!

Je dois bien dire que, jusqu'à il y deux semaines, j'avais un peu de mal à imaginer comment on allait pouvoir faire l'Eurovision. Je sais que les Pays-Bas, c'est pas la France, mais enfin, quand même, des gens de toute l'Europe voire un peu plus, réunis tous ensemble au même endroit, pour chanter, danser, agiter des drapeaux... Enfin, on est en 2021, quoi!

Depuis, parce que les choses se précisent et qu'aux Pays-Bas aussi on est en mai, on sait un peu comment ça va se passer, combien de gens seront autorisés dans la salle, qui viendra et qui restera dans son pays. C'est fou, ça donne l'impression que c'est la vraie vie qui recommence. Ça fait à peu près le même effet que si on nous annonçait que les musées rouvriront le 19 mai et les salles de spectacle le 30 juin alors même que des variants arrivent encore et toujours, toujours plus loin, toujours plus forts. On n'ose pas vraiment y croire totalement, on a l'impression que ça ne va peut-être pas être si simple que ça, mais ça fait un peu plaisir sur le moment.

Alors hop, me revoilà. 

En plus, cette année, il y a l'Eurovision, oui. Mais en plus du plus, cette année, la France a un titre à défendre!

Valentina - J'imagine (France - Gagnante de l'Eurovision Junior 2020)

Certes, peut-être que J'imagine a gagné parce que c'était à peu près la seule chanson gaie d'un concours post-pandémique absolument plombant à force de rendre hommage à des pompiers, des infirmiers ou des caissiers. Ou alors c'est la victoire de l'art de vivre à la française, la fête, les confettis, ohlala la Tour Eiffel, on ne le saura jamais. C'est, de toute façon, un juste retour des choses après que Carla avait tristement échoué (sans démériter!) avec le pourtant extraordinairement fabuleux Bim bam toi l'année précédente... Las! 2019 était encore une année pré-pandémique où la joie de vivre et l'amour à 13 ans comptaient moins que les messages sur comment sauver le monde du chaos, de la pollution et de la guerre. Ah, heureusement que les temps ont changé!

Ainsi donc, la France va défendre son titre. Plus que ça, même, après cette ascension fulgurante sur la scène européenne, Barbara Pravi va défendre son titre, en chantant elle-même sa chanson et célébrer l'art de vivre à la française, l'amour et ohlala Paris. Et c'est donc elle qui commence ce tour d'horizon 2021, avec tous ceux qui veulent profiter de cette hype à la française.

(ça, il faut le dire avec un accent anglais too much, merci).

Barbara Pravi - Voilà (France)

Destiny - Je Me Casse (Malte)

Gjon's Tears - Tout l’Univers (Suisse)

Si jamais je ne réussissais pas à reprendre le rythme, autant commencer par les vainqueurs désignés. C'est fou, un titre en français qui gagne l'Eurovision, est-ce qu'on aurait imaginé ça dans le monde d'avant?!

• France, 6 points: ah la France, ohlala Édith Piaf. On peut féliciter Barbara Pravi pour ne pas rester sur ses acquis et chercher à se renouveler dans la dépression, mais... tout dépendra peut-être de la mise en scène, pour que l'intérêt tienne trois minutes. Là, je trouve ça pas désagréable au début mais un peu longuet sur la fin.
• Malte, 7 points: on triche allègrement du côté de Malte, y a que le titre en français! Une fois passée cette légère impression de déjà-vu sur la chanson dansante féministe, elle est finalement plus radiophonique que Toy, peut-être. Là encore, il faudra voir la mise en scène, parce que le pont au bout de deux minutes me fait décrocher avant la fin de la chanson, alors que tout ce qui vient avant est, somme toute, assez efficace. Particulièrement ce "je me casse" en français dans le texte.
  
• Suisse, 10 points: je n'ai pas bien compris ce clip quand je l'ai vu la première fois sur NRJ Hits (car ce clip passe sur NRJ Hits, certes dans la partie French Music Only qui passe avant 7h du matin pour les quotas, ce qui explique peut-être ma perplexité car il était tôt). Mais je ne l'ai pas davantage compris quand il s'est lancé au milieu d'une vidéo Youtube que je regardais, en tant que pub. Et à vrai dire, je ne comprends toujours pas ce que ça raconte, ni même ce que Gjon's (appelons-le Gjon's) raconte. Mais je trouve ça joli, j'aime beaucoup cette voix et la montée hyper-eurovisionnesque peut être très efficace en live.