Mission Eurovision [2/12]

Oui, je sais, j'ai commencé hier en arguant que l'Eurovision faisait partie de ces repères immuables et rassurants en ces temps de monde qui va mal. Seulement, voilà, il faut que je vous le dise: tout n'est pas si rose à Malmö. Et autant crever l'abcès tout de suite, plutôt que de repousser le moment fatidique où, de toute façon, il faudra en prendre conscience et vivre avec... Non, cette année, les Jedward ne participeront pas à l'Eurovision, l'Irlande leur a trouvé un remplaçant... Oh, certes, ce serait hypocrite de regretter la qualité musicale du duo -leur prestation de l'an passé avait perdu de la fraicheur de l'année précédente- mais, quand même, ça fait un petit quelque chose. On touche presque à la tragédie shakespearienne, quand on sait que l'heureux élu, un certain Ryan Dolan, s'est fait connaître, notamment, grâce à des premières parties de concerts de Jedward. Mais cela veut dire, aussi, que malgré leur incapacité assez évidente à chanter correctement, les Jedward font des concerts. Et ça aussi, ça fait un petit quelque chose...

Oh,  il faut comprendre les Irlandais... Après tout, la dernière fois que l'Eurovision s'est déroulée à Malmö (c'était en 1992), ils avaient gagné. Mais surtout, ils allaient regagner l'année d'après. Puis l'année encore d'après. On peut comprendre, donc, qu'ils aient voulu maximiser leurs chances et se renouveler pour, qui sait, renouveler leur exploit. C'est d'ailleurs probablement ce qui a poussé la Bulgarie à envoyer de nouveau leurs meilleurs représentants au Concours, les seuls à avoir atteint la finale, en 2007. Et la preuve que cette idée était légitime, c'est que Saint-Marin a eu la même, même si sa meilleure candidate avait fini quatorzième de sa demi-finale, l'an dernier, grâce à son ode aux réseaux sociaux.

Ryan Dolan - Only love survives (Irlande)

Elitsa Todorova & Stoyan Yankoulov - Само шампиони (Bulgarie)


Valentina Monetta - Crisalide (Saint-Marin)

Et le classement du jour, on progresse:
  • Saint-Marin, 5 points: je suis perturbé par le changement de rythme dans la dernière minute, je n'arrive pas à savoir si c'est une bonne chose. Je dirais bien que oui, parce que je m'ennuyais un peu jusque-là mais je sens que c'est une preuve de mauvais goût, tant ce qui suit est vraiment très dance (mais bon, c'est l'Eurovision, hein...).
  • Irlande, 6 points: le début m'a rappelé Popular de ce brave Eric Saade, l'un de mes tubes préférés de l'Eurovision, qui passe encore régulièrement dans mes oreilles. Mais en fait, on en est assez loin. Si je fais abstraction de tous ces cœurs faits avec les mains, qui ne pourront pas être aussi nombreux sur scène le soir S, ce n'est quand même pas désagréable. Il faudra voir par rapport aux autres chansons du même type, qui ne manqueront pas d'exister, parmi les trente restant encore à écouter.
  • Bulgarie, 7 points: je me demande comment on joue de la batterie en play-back. Je me demande en quoi ces gens sont un duo, alors que le joueur de cornemuse (?) est franchement important pour l'ambiance de la chanson... Mais justement, cette ambiance, je l'aime bien, comme j'aime les jeux de batterie et les duels de baguette. Cette note qui dure en plein milieu, c'est un peu dommage, mais comme ça reprend bien ensuite, et de façon entêtante, j'étais frustré que la chanson s'arrête aussi tôt.

Commentaires

Nataka a dit…
Irlande. Même si c’est préoccupant de savoir que les Jedward avaient choisi pour leurs premières parties un chanteur qui sait chanter, il n’en reste pas moins que tous ces cœurs me filent la gerbe, et que ça sonne comme du sous-David Guetta. Voir du sous-Kei$ha. Beurk.
Bulgarie. Moderne avec un fond traditionnel, de la cornemuse (toujours bien, ça), c’est punchy, ça ne laisse pas trop le temps de réfléchir et ils ont clairement l’air de s’éclater sur scène. Mais je réserve mon jugement : s’ils décident de terminer leur prestation scénique par une partie percussionnée plutôt qu’une partie chantée, ça peut marcher.
San Marino. Je n’avais pas du tout aimé ce que Valentina Monetta avait fait l’année dernière, ni sa chanson ni sa scénographie ni ses fringues ni sa coiffure ni rien. Cette année ça ne peut être que mieux. Et si je suis d’ac que la rupture de rythme est perturbante, je préfère cette chanson italienne à l’autre chanson italienne.
Pierre a dit…
J'ai un peu de mal à imaginer la chanson bulgare se terminer sur les percussions. C'est ce qui est le plus frappant (ah ah) de la prestation, mais à mon avis, sans la reprise derrière, ça fera bancal.
J'ai revu une vidéo de Saint-Marin de l'an dernier. En effet, niveau cheveux, ça ne pouvait être que mieux!
Rhum Raisin a dit…
Ah oui, Malmö... Je rêve d'aller dans cette ville, alors que je ne connais rien d'elle. Juste parce que je trouve ce nom de ville délicieux.

Mon classement du jour:
1/ Saint-Marin. Bon, voilà notre premier désaccord flagrant. J'adore cette douceur aux accents tragiques jusqu'à cette magique transformation rythmique imprégnée d'émotions entremêlées. On dirait presque du Dalida. Oui, ce changement en dance à une minute de la fin sert la chanson. C'est juste beau. Je l'aime. Je me la remets pour la peine.
2/ Irlande. Mes oreilles sont peut-être complètement cassées, mais c'est la deuxième fois que je soupçonne un pays de faire le même genre de chanson que la gagnante de l'année dernière. En moins bien.
3/ Bulgarie. Horreur absolue. Mais comment peux-tu leur donner 7 points?
Nataka a dit…
Pour la Bulgarie, même si je maintiens qu'un peu d'originalité est toujours bienvenue dans ce concours où 30 participants sur 39 vont plus ou moins tenter de nous vendre la même soupe (éventuellement faite dans la même marmite) que ce qui se fait chez le voisin ou qui a gagné l'an dernier, c'est vrai qu'objectivement ça ne survit pas à une seconde écoute. C'est valable uniquement une fois, uniquement sur scène, et à condition de bien gérer le playback sur les percus.

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